Après "Shadows", qui reprenait les standards de Nat King Cole qu'écoutait sa mère, le britannique Hugh Coltman poursuit sa quête au pays du jazz, mais, cette fois-ci New Orleans, avec son récent album "Who's Happy ?". Actuellement en tournée en France - où il réside - nous l'avons rencontré, lors d'un concert acoustique au Petit Palais, dans le cadre du festival "Paris Music" (14 au 16 mars 2019). Il était accompagné de son producteur et guitariste, l'Alsacien Freddy Koella, ayant vécu 32 ans aux Etats-Unis, et travaillé, notamment, avec Bob Dylan et Willy DeVille, avant aujourd'hui d'accompagner Francis Cabrel.
Bien que britannique, vous avez une
expérience ancienne de la musique américaine ...
Oui, parce chaque été, enfant, je me rendais aux
Etats-Unis pour des raisons familiales et comme la musique
américaine était omniprésente, j'aimais en écouter,
principalement du blues et de la soul.
Comment avez-vous découvert le
jazz ?
Ma mère possédait une bonne collection
de disques de jazz et elle écoutait, notamment, du Nat King Cole. Donc, mon attirance pour le blues et la soul a été un enchaînement
naturel, car c'est c'est le jazz qui a inspiré ces genres musicaux.
C'est pourquoi, après la pop, vous avez voulu rendre hommage au jazz avec votre précédent album
"Shadows" ?
Comme disait Franck Zappa, il y a deux
types de musique : bonne et mauvaise. Donc, qu'il
s'agisse d'une chanson pop, folk, jazz, blues, je m'en moque, si c'est une bonne
chanson que j'apprécie. Grâce au jazz, j'ai pu
jouer avec le fabuleux pianiste Eric Legnini. Car, même si
j'en écoutais, je n'avais pas beaucoup l'occasion de chanter sur cette musique, car en
Angleterre à l'époque, il y avait très peu de groupes de jazz.
Donc, quand j'ai commencer à chanter du jazz avec Eric Legnini, j'ai
trouvé cela super et j'ai eu envie de poursuivre cette aventure-là. C'est le visionnage d'un documentaire sur Nat King
Cole qui m'a rappelé les disques que ma mère écoutait, quand
j'étais enfant. J'ai donc fait des recherches sur la vie de ce musicien, c'est pourquoi j'ai enregistré "Shadows", un
disque de reprises de chansons de Nat King Cole.
Vous avez rencontré Freddy Koella, un
français qui a travaillé à Los Angeles et à La
Nouvelle-Orléans, où vous avez enregistré votre 4e album
"Who's Happy ?"
J'ai rencontré Freddy Koella de façon
très naturelle, après avoir écouté ses deux disques solos que je trouvais fabuleux et je me disais que j'aimerais travailler avec lui.
Quand j'ai eu l'idée d'enregistrer mon album à La Nouvelle-Orléans,
Freddy m'a dit : si tu es inspiré par les cuivres et tout ça, ce n'est pas pour autant que tu es obligé d'en mettre dans
toutes les chansons de l'album. Car, même si l'on est inspirés par ce
son, ce n'est pas une raison pour faire une carte postale musicale de La
Nouvelle-Orléans. Et, il m'a dit : même sans les cuivres
typiques de La Nouvelle-Orléans, tes chansons ont leur propre valeur
et on n'est pas obligés de toutes les habiller façon Mardi-Gras.
Après des reprises de Nat King Cole, Dans "Who's Happy ?" vous êtes revenu à des
chansons plus personnelles ?
Oui, même si, avec Nat King Cole,
c'était pour moi une véritable aventure de chanter les titres d'un
autre, car j'ai toujours écrit mes propres chansons. Ce qui m'a
permis de ne pas être concentré uniquement sur moi et de m'amuser en
interprétant les chansons composées par un autre. Mais, c'est vrai
qu'au bout de trois ans de tournées avec cet album, j'avais envie de
m'exprimer à nouveau, car j'avais des choses à dire.
En période de crise, intituler votre
album "Who's Happy ?" peut paraître ironique ?
Effectivement, c'est ironique. Mais, c'est aussi le moment du bilan, pour quelqu'un comme moi, qui a dépassé la quarantaine
et se demande ce qui le rend heureux et ce qu'il n'aime pas, tout
en faisant la part des choses entre ses moments de joie et de peine,
mais sans jamais plonger dans la déprime. Certaines chansons de "Who's
Happy ?" sont inspirées par cette démarche.
Propos recueillis par Herve CIRET
Hugh Coltman "Who's Happy", produit par Freddy Koella, le 4 avril 2019, en concert au Bal Blomet à Paris
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