jeudi 27 novembre 2025

Black Friday : une pratique commerciale vieille de 73 ans



Toute cette dernière semaine de novembre, les médias et les grandes enseignes vous rabattent les oreilles avec le Black Friday, rituel commercial désormais incontournable précédant Noël. A l'origine, le "Black Friday" (vendredi noir) désignait le lendemain du "Thanksgiving, célébration du jour d'action de grâce remerciant les Indiens ayant donné à manger aux premiers colons d'Amérique, en 1621. Un évènement se déroulant toujours le dernier jeudi de novembre.  

En 1952, les commerçants d'Outre-Atlantique ont proposé des prix cassés pour profiter de cette journée fériée, qui marquait le début des achats de Noël. Leur comptabilité étant tenue à la main, ils ont utilisé le terme de "Black Friday" pour désigner le moment de l'année, où leur chiffre d'affaires - jusqu'ici déficitaire, autrement dit "dans le rouge", car les comptes étaient écrits dans cette couleur - passaient "dans le noir", autrement dit en positif, car rédigés dans cette couleur. 

 73 ans plus tard, les Américains continuent de se ruer dans les magasins, lors du "vendredi noir". En 2023, 200 millions de consommateurs américains ont participé à ces soldes et dépensé plus de 60 milliards de dollars.

Herve CIRET


mercredi 26 novembre 2025

Thanksgiving : le jour où des Indiens sauvèrent des colons de la famine


"Le premier Thanksgiving" - Jean-Louis Gérôme Ferris (1863-1930)
Le 27 novembre 2025, quatrième jeudi du mois, les Américains célèbrent leur 404e "Thanksgiving". C'est en 1621, un an après l'arrivée de pèlerins puritains anglais, à bord du bateau "Mayflower" sur la côte Est de l'Amérique (futur Massachusetts) qu'est fêté le premier "Jour de remerciement et d'action de grâce", proclamé par le gouverneur de la colonie, William Bradford, et partagé avec ses voisins Indiens. Un an plus tôt, confrontés à la famine au cours de laquelle la moitié d'entre eux périt, les colons reçoivent l'aide d'Iroquois de la tribu des Patuxets. Ceux-ci leur apprennent à chasser, à pêcher et surtout à planter du maïs. Lors de la première récolte à l'automne suivant, trois jours de prière et de fête sont organisés, les Indiens apportant des dindes sauvages à rôtir. 

C'est George Washington, premier président des Etats-Unis, qui, en 1789, proclame le 26 novembre "Thanksgiving day". Au cours des années, la référence aux premiers habitants de l'Amérique du Nord s'évanouit, pour ne plus retenir que les remerciements à Dieu et la célèbre dinde.  

Instaurée fête nationale en 1863, par Abraham Lincoln, elle est depuis célébrée le quatrième jeudi du mois de novembre. Pour l'occasion, plusieurs dizaines de millions de ces volailles sont cuisinées. Selon les régions, elles sont enrobées de sirop d'érable, accompagnées d'une farce de châtaigne, de pain de maïs, de patates douces confites ou même de choucroute. Une seule dinde est graciée symboliquement par le Président des Etats-Unis, depuis la fin des années 1980.
 
Herve CIRET
 


mardi 25 novembre 2025

Le chanteur jamaïcain Jimmy Cliff est décédé

 

 

Le chanteur jamaïcain Jimmy Cliff est décédé, le 24 novembre 2025, à l'âge de 81 ans, des suites d'une crise d'épilepsie, suivie d'une pneumonie. C'est en apprenant à jouer des chansons des rockers américains Fats Domino et Little Richard qu'il à la musique. C'est dans les années soixante qu'il réussit à convaincre un marchand de glaces de la capitale Kingston d'investir dans son premier disque de ska, distribué par le mythique label britannique Island Records. Mais c'est en 1969 qu'il se fait connaître mondialement avec la chanson "Many River to Cross". Par la suite, celle-ci sera reprise par plus d'une trentaine d'artistes, dont Joe Cocker, le Beatles John Lennon, Linda Rondstadt ou encore le groupe de reggae UB40. En 1995, elle a été inscrite au Rock'n'Roll Hall of Fame comme étant l'une des 500 chansons ayant façonné le rock'n'roll.


En 1972, Jimmy Cliff est le héros principal du film "The Harder They Come" (Tout, tout de suite), dont la bande originale permet la percée du reggae aux Etats-Unis, jusqu'ici resté plutôt cantonné à la Jamaïque. Le scénario du film raconte les débuts d'un chanteur à la Jamaïque qui tombe dans le commerce de marijuana et devient un hors-la-loi populaire, quand sa chanson est publiée. Par la suite le chanteur enregistre des disques aux sonorités pop et latino.


En 1992, Jimmy Cliff connaît à nouveau le succès en reprenant "I Can See Clearly Now" de Johnny Nash, dans la bande-son du film Rasta Rockett. En 1994, le chanteur participe à la bande originale du dessin animé de Walt Disney "Le Roi Lion" (1994), avec la chanson "Hakuna Matata". Il décroche un tube en France, avec la chanson Melody Tempo Harmony de Bernard Lavilliers, chantée avec lui en duo. Dans les années 2000, Jimmy Cliff collabore sur l'album "Fantastic Plastic People", avec Sting et Annie Lennox de Eurythmics. En 2022, après avoir été absent des studios durant dix ans, le chanteur jamaïcain sort l'album "Refugees" avec notamment sa fille Lilly Cliff.

Herve CIRET 

lundi 24 novembre 2025

Il y a 151 ans aux USA était inventé le fil de fer barbelé

 

C'est le 24 novembre 1874 qu'un fermier américain de l'Illinois, Joseph Glidden, dépose son brevet d'invention du fil de fer barbelé, utilisé pour clôturer les propriétés, notamment dans l'Ouest. Pour concevoir son invention, il fabrique des pointes en métal, avec un moulin à café et les fixe sur un fil de fer qu'il enroule d'un autre fil, pour mieux les maintenir. 

A peine déposée, l'invention du fermier est contestée et fait l'objet d'une longue bataille judiciaire. En effet, quinze ans plus tôt, le français Eugène Grassin-Baledans, puis, en 1865, son compatriote, Louis Janin, ont élaboré un fil barbelé. Mais, leurs prototypes présentent des difficultés de mise en oeuvre et de longévité.  La plus-value apportée par l'américain Joseph Glidden (ci-contre), à ces premières recherches, est de réussir à produire du fil barbelé industriellement, à partir d'une machine permettant de le fabriquer, en grande quantité et à moindre coût. A cette fin, il créé une société, la "Barb Fence Company", à DeKalb (Illinois).

En 1881, afin de montrer l'efficacité de son invention, Joseph Glidden crée un ranch au Texas, où il regroupe 12 000 têtes de bétail, parquées dans des clôtures bâties avec son fil barbelé. Cependant, l'installation de ces clôtures provoque des conflits de voisinage entre éleveurs. Certains ranchs laissant paître leur troupeau, sans respecter aucune limite territoriale, en cisaillant les fils barbelés pour laisser un libre passage à leurs bêtes. Ce qui déclenche une véritable guerre, au cours de laquelle plusieurs personnes trouvent la mort. Mais vingt ans plus tard, les ranchs finissent par se retrouver entourés de clôtures. 
 
Un épisode de la fin de conquête de l'Ouest qui a inspiré, en 1967, le dessinateur Morris et le scénariste Goscinny, pour le 43e album des aventures de Lucky Luke, "Des Barbelés sur la Prairie", dont une adaptation en film d'animation a été réalisée en 1984 (vidéo ci-dessous). 
 

A sa mort, en 1906, à l'âge de 93 ans, Joseph Glidden est devenu l'un des hommes les plus riches des États-Unis, en ayant acquis un hôtel, un journal et des milliers de kilomètres carrés de terres. Soit, une fortune estimée à un million de dollars de l'époque. Aujourd'hui, les visiteurs du "Barbed Wire History Museum", le musée de l'histoire du fil barbelé, à DeKalb (Illinois), peuvent encore admirer l'un des premiers spécimens, réalisé à la main, de l'invention de Joseph Glidden.
Herve CIRET

jeudi 20 novembre 2025

Todd Snider, chanteur américain de country, a quitté définitivement la scène

 

Le chanteur de musique americana, country et folk, Todd Snider, est décédé, le 14 novembre 2025, à l’âge de 59 ans, des suites d’une pneumonie. En octobre 2025, il venait de sortir un nouvel album, "High, Lonesome and Then Some"Né en 1966, à Portland (Oregon), il s'était installé dans le nord de la Californie, avant de rejoindre le Texas, dans les années 1980. C'est là qu'il fait la rencontre de sa vie,  avec le compositeur de musique Jerry Jeff Walker, qui devient son mentor musical. 


Dans les années 1990, Todd Snider déménage à Nashville (Tennessee) et devient une figure-clé de la scène d’East Nashville, connue pour son côté root, plus authentique et dépouillé. Son album de 2004 "East Nashville Skyline" est considéré comme essentiel parmi la production de la musique country alternative. "J’ai toujours aimé être un troubadour, car j’aime le chaos et cette vie d’aventure, j'y étais prédisposé", disait-il. "J'ai été un auto-stoppeur et un habitué des canapés. Mais Jerry Jeff Walker m’a fait comprendre que la différence entre un esprit libre et un pique-assiette, ce sont trois accords à la guitare".

Herve CIRET

vendredi 14 novembre 2025

Il y a 115 ans aux Etats-Unis naissait l'aéronavale

 
 
Le 14 novembre 1910, dans le port de Norfolk (Virginie), un avion décolle du croiseur américain USS Birmingham et parvient à se poser sur la terre ferme.  Ce premier décollage réussi d'un avion depuis un bateau signe la naissance de l'aéronavale aux Etats-Unis.  

A 15 heures 16 minutes ce jour-là, le pilote, Eugene Ely, aidé du capitaine Chambers de la Navy, s'élance d'une plateforme longue de 25 mètres et large de 7 mètres, placée à l'avant du navire. Il conduit un avion biplan, précédemment utilisé, quelques mois auparavant, par son concepteur, Glenn Curtiss, lors d'un vol resté célèbre, entre Albany et New York, distants de 230 kilomètres.

Arrivé au bout de la plateforme, l'avion perd de l'altitude, l'extrémité de son hélice étant endommagée en touchant l'eau. Conservant le contrôle de l'appareil, malgré les vibrations, le pilote parvient à atterrir, sain et sauf, sur une plage à Willoughby Spit.
 

Deux mois plus tard, le 18 janvier 1911, dans la Baie de San Francisco (Californie), Eugene Ely réussit, à la fois, à décoller et à apponter sur le cuirassé USS Pennsylvania, sur lequel une plateforme de 37 mètres de long a été aménagée. A cette occasion, est utilisée pour la première fois une crosse d'appontage, inventée par Hugh Robinson. Par précaution, le pilote portait un casque de football américain et avait enroulé deux chambres à air de bicyclette, autour de son corps

Continuant d'effectuer des vols de démonstration un peu partout aux Etats-Unis, Eugène Ely trouve la mort, à Macon (Géorgie), moins d'un an après son premier exploit aéronaval, lorsque son avion s'écrase au sol. En 1933, à titre posthume, on lui décerne la Distinguished Flying Cross, créée en 1926, pour services rendus envers l'aviation maritime.

Hasards de l'histoire, le premier pilote de l'aéronavale aurait pu être russe. En effet, en 1909, l'ingénieur-mécanicien Matseïevitch a conçu le premier porte-avions, capable d’emporter 20 aéronefs, abrités dans des hangars sous le pont d’envol. Mais, en 1910, sa mort dans un accident aérien et la Révolution, qui suit la Première guerre mondiale, mettent fin provisoirement à l'aéronautique navale russe. Il faut attendre la Seconde guerre mondiale (1939-1945) et la guerre du Pacifique, pour voir s’imposer le porte-avions comme un moyen de combat naval à part entière.
Herve CIRET


mercredi 12 novembre 2025

Neil Young, un rocker bien vivant à 80 ans

 


Quel meilleur hommage aux 80 ans du chanteur américano-canadien que celui de ces élèves (vidéo ci-dessous) du collège privé canadien de Lakefield (Ontario). En effet, Neil Young et son épouse, l'actrice Daryl Hannah, ont participé financièrement à la restauration d'une maison patrimoniale du 19e siècle, située au coeur du domaine de 65 hectares de leur établissement. En mai 2025, le chanteur avait organisé un concert solo qui avait permis de récolter des fonds pour cette restauration. "La musique, la générosité et le message de bienveillance envers autrui et la Terre – qui résonnaient dans la pluie et les champs ce soir-là – continuent d'inspirer notre communauté scolaire", témoigne la direction du collège de Lakefield.

Neil Percival Young est né le à Toronto (Canada) d'un père journaliste sportif et d'une mère au foyer, dont les ancêtres ont participé à l'indépendance américaine. Ce n'est que récemment qu'il s'est vu attribuer la nationalité américaine. Commencée au début des années 1960, avec le groupe Buffalo Springfield, la carrière du "Loner" - comme on l'a très vite surnommé - s'est poursuivie dans les années 1970 avec le super-groupe vocal et folk-rock Crosby, Stills, Nash & Young. L'album "Harvest" (1972) le propulse sur le devant de la scène internationale. Le style de Neil Young alterne entre ballades folk et rocks électriques décapants (ses fréquentes crises d'épilepsie n'y sont pas étrangères) - notamment avec son groupe fétiche Crazy Horse. Dans les années 1980 il expérimente une musique faisant la part belle aux synthétiseurs, puis au rockabilly, qui déroute ses fans. 

 

Neil Young reviendra à son style blues-rock et folk, au début des années 1990. Notamment, en devenant une source d'inspiration pour des groupes "grunges", comme Nirvana et Pearl Jam, jouant même au côté de ce dernier sur plusieurs album. C'est à cette époque que le musicien s'engage dans des causes sociétales et écologiques. Notamment, contre la compagnie de produits chimiques Monsanto. Avec Willy Nelson et John Mellencamp, Neil Young est à l'origine du Farm Aid, des concerts organisés au bénéfice des agriculteurs américains en difficulté.

Aujourd'hui, Neil Young a entrepris un gigantesque travail de recensement de ses archives musicales datant de plus de 60 ans. Régulièrement, le musicien sort des albums ou des titres inédits, tout en proposant de nouvelles productions, notamment, avec le groupe Crazy Horse. Ces dernières années, Neil Young s'affiche en opposant farouche à la politique du président américain Donald Trump, à travers des titres aux paroles contestataires. Comme quoi, même âgé de 80 printemps, le "Loner" n'entend pas rester muet.

Herve CIRET  

mardi 11 novembre 2025

11 novembre : des soldats français honorés aux USA



Cimetière militaire d'Arlington (Virginie)
 
Journée de commémoration de la fin de la guerre 1914-1918 et de tous les soldats morts pour la France, le 11 novembre est également célébré aux Etats-Unis, en tant que "Veteran’s Day", journée d'hommage à tous les anciens combattants. A cette occasion, l'ambassade de France à Washington fleurit, au cimetière militaire d'Arlington, les tombes de 10 militaires français, morts sur le sol américain, par accident ou maladie, alors qu'ils instruisaient les soldats du corps expéditionnaire américain en France, dirigé par le général Pershing.

En effet, en 1917, au moment où les Etats-Unis s'apprêtent à entrer en guerre, son armée régulière se trouve dans une situation d’impréparation la plus totale. "Je crois que ce serait se faire de graves illusions de croire que les États-Unis puissent disposer d’une force appréciable pour une action extérieure", écrit un an auparavant, au ministre de la Guerre, l’attaché militaire français à Washington. En effet, la grande majorité des officiers américains est issue de la société civile et a besoin d’être formée au commandement.
 
Soldats américains avec leurs instructeurs français

L'accord signé, en mai 2017, entre le général français Joffre et le secrétaire américain à la guerre, Newton Baker, prévoit l'envoi d'officiers français, en tant qu'instructeurs, dans les 16 camps militaires implantés sur le sol américain, dès septembre 1917. "C’est sans doute dans le domaine de l’instruction que la France a joué le rôle le plus direct, le plus étendu et le plus utile", souligne, en 1919, un compte rendu de la mission militaire française, qui ajoute. "Il ne paraît pas exagéré de dire que c’est grâce au concours français que l’armée américaine a pu, en un temps singulièrement court, se présenter sur le champ de bataille".

Pourtant, l’envoi d’une mission militaire française aux États-Unis n’est pas toujours bien perçu. "Tout ce qui représente l’ancienne armée américaine est imbu de l’esprit, très noble en lui-même, mais très national, de l'académie militaire de West Point et ne voit pas, sans quelque ombrage, grandir le rôle des instructeurs étrangers", note l'ambassadeur de France à Washington. En juillet 1917, 14 000 soldats US débarquent en France. En novembre 1918, à la fin de la Première guerre mondiale, les forces américaines comptaient 1,8 millions de combattants.
 
Herve CIRET 
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lundi 10 novembre 2025

11 novembre : souvenons-nous aussi des soldats américains de la guerre 1914-18


 
Le 11 novembre, comme c'est désormais le cas depuis 2011, nous rendons hommage, non seulement aux "Poilus" de la Première guerre mondiale de 1914-1918, mais aussi à tous les soldats "Morts pour la France", y compris lors d'opérations récentes. Une sorte de "Memorial Day" à la française, institué  par les Américains, il y a près de 150 ans, après la guerre de Sécession. Ce n'est donc pas un hasard, si ces derniers ont bâti à Suresnes, au pied du Mont Valérien, le premier mémorial en France dédié aux morts américains du premier conflit mondial, auxquels le Président Donald Trump a rendu hommage sur place, le 11 novembre 2018.
 


A Suresnes, dominant la Seine, un immense champ de croix blanches attire l'attention. Les drapeaux américain et français semblent veiller sur eux. Et pourtant, les 1 500 personnes reposant en ce lieu sont tous américaines. Fantassins, marins, aviateurs, infirmières, ils ont traversé l'Atlantique et fait le sacrifice de leur vie. Certains, avant même que leur pays ne rentre en guerre en 1917. 

"On oublie souvent que si nous sommes libres aujourd'hui, c'est parce que des gens enterrés ici, comme dans d'autres cimetières français ou anglais, se sont battus pour cette liberté", soulignait en 2014, Angelo Munsel, alors surintendant de ce mémorial américain. Originaire de Californie, mais ayant des ascendances italienne et alsacienne, ce passionné d'histoire s'était donné un but : faire revivre de manière la plus vivante possible la mémoire de ceux dont il a eu la charge depuis 2010 ans. "La chose la plus importante, c'est de travailler avec mes amis enterrés ici", expliquait Angelo Munsel avec émotion. "Il n'y a pas de travail plus beau. Même si parfois, il y a peu de visiteurs, grâce à eux je ne me sens jamais seul." Et  Angelo Munsel de raconter l'étonnante histoire de ce médecin diplômé de Harvard, venu travailler en France dans un hôpital militaire et qui, la guerre déclarée, en 1914, a estimé que son devoir était de soigner les blessés. Il est mort dans un bombardement. Angelo Munsel a pu également retracer le destin tragique de 2 sœurs jumelles, riches héritières d'un assureur, qui après avoir été traumatisées par les horreurs de la guerre 14-18, en tant qu'infirmières, se sont jetées du bateau qui les ramenait  en Amérique. "Raconter l'histoire personnelle de ceux et celles qui sont enterrés ici est la meilleure manière de rendre hommage à leur sacrifice."

 
 
Choisi en raison de sa proximité avec les hôpitaux parisiens, vers lesquels les blessés américains étaient acheminés depuis le front, le site de Suresnes d'une superficie de 3 hectares est le seul à accueillir des morts de la 1ère et de la 2ème guerre mondiale. Egalement, le seul mémorial militaire américain à arborer les couleurs de la France, au côté du drapeau américain. "C'est moi qui l'ai souhaité, afin de marquer notre reconnaissance à la France", précisait Angelo Munsel. Autre particularité, si des croix blanches marquent ici l'emplacement des tombes, c'est pour respecter l'usage des cimetières français. "Dans les cimetières militaires américains, vous ne verrez que des pierres tombales, dont la partie supérieure a été évidée pour recevoir le symbole de l'appartenance religieuse du défunt."


Une plaque rappelle l'inauguration du mémorial, en 1919, par le président américain de l'époque, Woodrow Wilson. En 2019, pour commémorer son centenaire, de grandes festivités devaient y avoir lieu, à l'occasion du Memorial Day, mais le Coronavorus en a décidé autrement.

"A travers ce cimetière, nous pouvons apprendre ce qu'est le prix de la guerre et donc le prix de la liberté à payer, car des guerres se produisent encore de nos jours", tenait à rappeler Angelo Munsel. "Cet endroit, comme d'autres, est le symbole de la liberté, du courage et du sacrifice, des mots universels qui parlent à chacun d'entre nous." 

Lors de la 1ère guerre mondiale, sur plus de 80 000 américains ayant fait le sacrifice de leur vie, plus de 30 000 reposent dans 8 cimetières en Europe.

Propos et photos recueillis en novembre 2014 par Herve Ciret 
 

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dimanche 9 novembre 2025

il y a 250 ans naissaient les Marines américains


Le 10 novembre 1775, durant la guerre d'indépendance américaine, le Congrès des Etats-Unis créé les Continental Marines, ancêtres du corps des Marines d'aujourd'hui. Deux bataillons sont alors constitués, afin de combattre sur mer les troupes britanniques, en s'inspirant de leurs Royal Marines.

Embarqués pour servir d'infanterie à bords des navires américains, ces Continental Marines sont engagés dans des combats contre leurs homologues anglais et des corsaires britanniques. Ils effectuent leur véritable premier fait d'armes, en mars 1776, en débarquant sur l'île de New Providence (Bahamas). Leur objectif : un dépôt anglais de munitions, dont ils capturent une centaine de pièces d'artillerie et la poudre pour les utiliser.

Portant un uniforme constitué d'une tunique verte et d'un gilet blanc - pour les plus fortunés - armés d'un fusil français Charleville et d'un sabre d'abordage de l'infanterie britannique, ces Marines sont démobilisés, en 1785, dix ans après leur création. Ce corps est recréé en 1798, en raison de la guerre navale larvée que se livrent la jeune République française et les Etats-Unis, jusqu'en 1800.

De 360 hommes, en 1801, le US Marine Corps passe à 30 000 en 1917, lors de son entrée en guerre contre l'Allemagne, pour atteindre 73 000 personnes, en 1918. En 1945, au lendemain de la seconde guerre mondiale, le corps des Marines comprend 485 000 combattants. Aujourd'hui, ses effectifs avoisinent les 185 000 hommes. Sa devise, "Semper Fi" (du latin Semper Fidelis = Toujours fidèle), est aussi celle d'autres régiments, ainsi que de villes, comme Saint-Malo, en Bretagne.
 
Herve CIRET