A l’occasion du salon Rétromobile 2023 (1er-5 février), la marque de moto Dollar célèbre les 100 ans de sa naissance. Nous avons rencontré Jean-Michel Madranges, président-fondateur de l’Amicale Dollar, créée en 1997. Celle-ci rassemble près d’une centaine d’adhérents, en France et en Europe, et réunit plus de 4 000 motos.
Comment vous est venue votre passion pour cette marque de moto ?
Dans les années 1990, c’est totalement par hasard que j’ai découvert la marque Dollar, alors que je collectionnais des voitures anciennes des années 1930-1950. J’ai acheté une moto de cette marque en pièces détachées que j’ai entièrement remontée. C’est de là qu’est venue ma passion pour les motos Dollar. Je me suis mis à rechercher de la documentation et j’ai créé l’amicale des propriétaires de ces motos, pour en refabriquer toutes les pièces, afin de pouvoir restaurer entièrement un modèle, et ainsi faire resurgir de l’ombre cette grande marque oubliée.
Pourquoi un nom et un logo d’origine américaine sur des motos 100 % françaises ?
Nos amis américains étant venus combattre à nos côtés durant la guerre 1914-1918, au lendemain du premier conflit mondial, tout ce qui avait une consonnance américaine suscitait un engouement dans le public français. De plus, après son départ, le corps expéditionnaire américain a laissé beaucoup de matériels. Notamment, des motos Harley-Davidson et Indian en parfait état de marche, qui avaient très bonne réputation en France. Ce qui a donné l’idée à des constructeurs français de créer des marques à consonnances anglo-saxonne : Dollar, mais aussi, Carlton, New Map, Rhonyx,Stylson. C’est au salon de 1923 qu’est présentée la première moto Dollar, conçue par la société des Etablissements Delachanal. Elle arbore sur son réservoir une tête d’Indien, copiée sur le dollar or américain. Le slogan commercial de la marque, précurseur en matière de marketing, était « Rouler sur l’or, c’est bien, mais rouler sur Dollar c’est mieux ». Ces motos ont été produites jusqu‘en 1939, à la veille de la Seconde guerre mondiale.
Les motos Dollar étaient aussi technologiquement très novatrices pour leur époque…
A
l’époque, toutes les motos françaises roulaient avec de petits
moteurs 125 cm³ 2 temps un peu faiblards. Or,
les
motos Dollar étaient équipées de moteurs 125
cm³ 4 temps culbutés Moser
suisse,
fabriqués sous
licence à
Pontarlier (Doubs)
en Franche-Comté. En 1927, grâce au motoriste Maurice Chaise, la
marque est la première en Europe à produire de série des motos
dotées d’un moteur
à arbre à cames en tête. Ensuite, dès
1930, les
motos Dollar ont été
équipées
en
option de
suspensions, d’une transmission par cardan.
Et
pour certaines d’un moteur incliné, pour favoriser son
refroidissement. En
1932, la Gendarmerie française a même commandé 200 motos de la
marque.
Comment se positionnaient les motos Dollar par rapport à leurs concurrentes ?
Bien sûr, d’autres marques françaises comme Peugeot, Motobécane ou Terrot existaient bien avant la Dollar. Mais, au début des années 1930, cette marque était le 4e plus gros producteur de motos en France. Car, elle proposait une large gamme de la 100 à la 750 cm³. Certains modèles étant produits à 12 000 exemplaires. Car, à cette époque, la voiture n’était pas aussi répandue qu’aujourd’hui et beaucoup de français circulaient en deux-roues. Notamment, équipés de side-car pour pourvoir transporter un troisième passager. Mais, la Seconde guerre mondiale a mis fin à la production française de motos. Si la marque a exporté certains de ses modèles en Europe et en Afrique du Nord, jamais les Etats-Unis ne se sont montrés intéressés par ces motos qui pourtant portaient le nom de leur monnaie.
Propos et photos recueillis par Herve CIRET
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