jeudi 24 mai 2018

Sequoias : Michel Moutot revisite le mythe de Moby Dick


Au cours des semaines à venir, vous allez découvrir les entretiens réalisés avec des auteurs - principalement américains - rencontrés lors de l'édition 2018 du festival du livre et du film "Etonnants Voyageurs" de Saint-Malo. Il y est question d'aventuriers, de cartographes, de géographes, de bateaux à voiles et de forêts majestueuses.


Pour entamer ce périple américain, partons pour la Californie, au temps de la ruée vers l'or, en 1849, en compagnie de l'écrivain et journaliste de l'Agence France-Presse, Michel Moutot (photo @herve ciret ci-contre). 

Après s'être intéressé aux Indiens Mohawks qui bâtissaient les gratte-ciels, dans son premier roman "Ciel d'acier" (Grand prix 2016 du meilleur roman des lecteurs du Point), l'auteur nous fait naviguer de l'île de Nantucket (Massachusetts) à San Francisco, via le Cap-Horn, aux côtés de trois frères, pêcheurs de baleines, qui vont tenter de faire fortune grâce au « géant » des arbres. D'où le titre de ce second roman, "Sequoias" (Seuil).



Comment vous est venue l'idée de ce second roman ?


Cela a commencé par ma rencontre avec un historien de marine américain, Nathaniel Philbrick, qui, en 2000, a publié un livre « In the heart of the sea » (Au coeur de l'océan) racontant le fait réel ayant inspiré à l'écrivain Herman Melville le roman « Moby Dick ». L'histoire de la baleinière Essex de Nantuckett qui, au début du 19e siècle, a été coulée par un cachalot, au large du Chili. Ce qui normalement n'arrive jamais. Melville ayant participé à une campagne baleinière, il a rencontré le fils du commandant du navire coulé. Ce dernier lui a remis le journal de bord de son père et l'écrivain a mélangé ce fait divers avec la légende du cachalot blanc et albinos, Moka Dick, au large de l'île de Moka, dans le Pacifique, bien connue des baleiniers anglais et américains. En effectuant un reportage à Nantuckett pour l'Agence France-Presse, j'ai appris que la chasse à la baleine avait presque totalement disparu, du fait que 80 % des baleiniers de cette région étaient partis chercher de l'or en Californie. D'où l'idée de ce roman, en suivant le destin de trois frères qui, depuis Nantuckett, rallient San Francisco à bord d'une baleinière. Ils découvrent alors un village de moins d'un millier d'habitants et pour construire la ville, qui deviendra San Francisco, il faut du bois.


Pourquoi avoir choisi « Sequoias » comme titre ?


Sans en révéler trop, l'explication vient du fait que mon héros principal, Mercator Flemming, l'un des trois frères baleiniers, est né à Nantuckett, sur une île sans forêt, au milieu des dunes et de l'océan. C'est pourquoi il est conscient que le bois constitue une richesse incomparable à San Francisco, ville dont les habitations sont fréquemment détruites par des incendies. Très vite, il comprend qu'à condition de savoir comment couper et acheminer ce bois, l'immense forêt de séquoias géants qui s'offre à lui va lui permettre d'être beaucoup plus riche qu'en trouvant de l'or dans la montagne.


Qu'avez-vous voulu démontrer à travers la destinée de ces trois marins ?


Je suis parti de l'idée que les chasseurs de baleines étaient des chasseurs de trésors et que chasser des baleines ou chercher de l'or, pour eux, c'est la même chose. Car, ce sont d'excellents navigateurs, qui ont découvert quasiment tout le Pacifique, et n'ont peur de rien. Donc, sur un coup de tête, ils peuvent se dire : chercher de l'or sera sans doute plus facile que de tuer des cachalots, donc allons-y !

Propos recueillis par Herve CIRET

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