En
1977, à une époque où le web n'existe pas encore, Richard Gilly
enflamme les ondes radios, avec son titre rock "Portrait de famille", aux
riffs de guitares distordus. 40 ans et un 7e album plus tard,
le folk-rocker s'est assagi. Il nous propose "Les Contes de la Piscine après la Pluie", dont le premier titre, "J'ai tout mon temps", semble faire écho à son fameux "Va lui dire que c'est une conne" interdit de radio en 1977.
Un album intimiste, produit et enregistré aux Etats-Unis, par son ami, Freddy Koella, ex-guitariste de Willy DeVille, ayant également accompagné Bob Dylan et Francis Cabrel en tournée. Nous avons rencontré Richard Gilly, alors qu'il s'apprête à sortir le clip vidéo d'un titre, "Avalanche", non publié sur son dernier album, évoquant les guerres auxquelles les civils et, notamment, les enfants, sont confrontés. Au printemps 2017, une compilation de ses meilleurs titres pourrait sortir au format vinyle, à l'occasion du Disquaire Day.
Votre dernier album a de nouveau été enregistré aux Etats-Unis ?
Freddy Koella |
Comment s'est déroulée cette collaboration à distance ?
J'enregistrais chez moi, ma voix et ma guitare, et j'envoyais les
fichiers audio par WeTransfer à Freddy Koella et lui rajoutait d'autres
parties de guitare, une batterie, une basse et me renvoyait les
fichiers ainsi enregistrés. Après, si besoin, on en discutait sur Skype et
il apportait un peu de sel et de poivre à mes
compositions. Cela a duré une petite année, car Freddy Koella était
mobilisé, par ailleurs, par des tournées. Notamment, celle de Francis Cabrel et un
album de Dick Annegarn.
Quelles
sont les thèmes abordés par cet album ?
C'est
un peu toujours la même histoire. Car, j'ai toujours écrit sur ce que je
ressentais, ce que je vivais, le temps qui passe, les histoires d'amour, de
séparation.
Le style et la voix de la chanson "Lunaire Blues" ne ressemblent pas à vos compositions habituelles...
Le ton de cette chanson est en effet différent, car celle-ci évoque la perte d'Alain, mon frère aîné, à qui j'ai dédié cette chanson au tempo blues. De ce fait, ma voix est un peu plus chargée
d'émotion, d'où sa forme particulière.
"Tout
ça pourquoi" est un titre plus rythmé que la plupart des
autres chansons de l'album…
Comme
Freddy Koella, je n'aime pas trop les compositions impliquant un trop grand nombre de musiciens. Comme il est très attaché
aux textes et que je lui envoie les paroles avec l'accompagnement de
guitare, il trouve que l'ensemble constitue déjà une
ambiance qui se suffit à elle-même. Mais, comme les mélodies sont parfois linéaires, en raison du peu d'instruments, pour qu'on
ne s'ennuie pas trop, je rajoute du relief
à mes compositions, avec de la batterie qui entre au 2e
ou 3e
couplet, jusqu'au final. Mais, la rythmique est toujours légère,
avec des balais, pour que cela ne matraque pas.
Pourquoi ce titre, "Les Contes de la Piscine après la Pluie" ?
C'est
également le titre d'une des chansons de l'album et elle aussi est
particulière, parce qu'elle évoque la maladie d'Alzheimer de ma
maman. Et « Les
contes de la piscine après la pluie », c'est
une manière d'oublier tout, de tout noyer, car les mots se perdent. Et, puis, cela fait référence au titre d'un film japonais adapté d'un roman,
car j'aime bien la littérature asiatique. Et Freddy Koella trouvait que ce titre était dépaysant et inattendu, qu'il faisait rêver.
Pour cet album, vous avez réalisé vous-même des vidéos....
Aujourd'hui,
pour faire vivre un album, le meilleur moyen, c'est par l'image. Comme j'ai fait une école d'arts appliqués, je
sais dessiner, peindre et ma compagne réalise de très
belles photos, nous nous sommes lancés. A l'aide d'un smartphone, on a travaillé à la maison, avec des
éclairages domestiques.
Cela a pris beaucoup de temps, mais le résultat en vaut la peine. Aussi je travaille sur une deuxième vidéo, encore plus basée sur le dessin. Elle illustrera un titre qui s'appelle "Avalanche" et qui n'est pas présent sur
l'album. Il parle des villages, des civils, des enfants qu'on bombarde,
comme cela a pu l'être à Guernica, en Espagne, pendant la seconde guerre
mondiale. Mais, on en absorbe les images, elles glissent sur nous, comme une avalanche.
Oui,
tout à fait, car le blues c'est un état d'âme, quand
effectivement on se retrouve seul et qu'on regarde ce qui se passe
autour de soi, quand on perd un frère, une mère, un
proche. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut se tenir la tête à deux
mains pour écouter mon album ! (rires)
Cela ne vous empêche pas de faire des jeux de mots pour amener les gens à réfléchir….
C'est
ma manière naturelle d'écrire, donc je ne m'en rends pas compte. Mes
textes sont empreints de détachement, d'ironie, tout en restant
profonds, mais sans être trop sérieux et ennuyeux. Ce sont des chansons
à tiroirs, dans lesquels on peut découvrir différents niveaux de compréhension. Si j'écris
des chansons pas toujours très joyeuses, je
vois toujours le verre à moitié plein, plutôt qu'à moitié vide.
Je suis quelqu'un de très émotif et sensible et mon écriture fait ressortir cet
aspect-là de ma personnalité.
Propos recueillis par Herve CIRET - photos Richard Gilly @Marie-Pierre Lassailly et Freddy Koella @Thierry Vivier
"Les Contes de la Piscine après la Pluie" - Richard Gilly - A écouter en priorité : Tout ça pourquoi, Lunaire Blues, Le monde à l'envers, Que font les anges, J'ai tout mon temps
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