Son premier livre "Au Fil du Rail", publié aux Etats-Unis en 1980, a fait de l'écrivain et journaliste d'investigation américain Ted Conover, le chantre du "Nouveau journalisme". Trente-six ans après, cet ouvrage vient d'être publié en France (Editions du sous-sol). Et ce, alors que des journalistes français - à l'image de Florence Aubenas - commencent à expérimenter cette forme de reportage. Dans son livre, Ted Conover raconte sa première expérience de journaliste en immersion, dans l'univers des hoboes. Ces vagabonds du rail qui voyagent illégalement dans des trains de marchandises. Nous l'avons rencontré, lors de l'édition 2016 du festival "Etonnants Voyageurs" de Saint-Malo.
Pourquoi avoir écrit un livre sur les vagabonds du rail ?
Je voulais savoir si je pouvais vivre avec des gens différents de moi, vivre cette aventure-là et la raconter. Je suis parti en stop vers la ville de Saint-Louis dans le Missouri. C'était une première étape, pour ensuite de sauter dans un train de marchandises, afin de rencontrer des hoboes. Ce que j'ai réussi à faire au bout de trois jours, après plusieurs tentatives infructueuses. Dans un wagon, j'ai rencontré l'un de ces vagabonds du rail, cela a créé des liens et c'est comme cela que mon projet de reportage a commencé.
C'est facile de considérer les hoboes comme des gens différents de nous. Car, parfois, ils vivent à la marge. Mais, j'ai découvert que s'il existe des différences visibles avec leux, en terme de classe sociale, en fait, nous avons de nombreux points communs : les mêmes envies, le souhait que nos amis aillent bien, le besoin de sécurité, afin de ne pas être inquiété par la police. Car, ces hoboes restent les descendants des hoboes d'après la grande dépression des années 1930. C'est donc aussi une autre manière d'apprendre l'histoire des Etats-Unis.
Y a-t-il encore des hoboes aujourd'hui en Amérique ?
Oui, mais quand j'étais moi-même sur les rails, c'étaient surtout des vétérans du Vietnam. Aujourd'hui, ce sont des punks, des anarchistes, de toutes sortes de classes d'âge, habités par ce désir de connaître des expériences en disposant de peu de ressources.
Cette première expérience semble vous avoir fortement influencé....
Effectivement, c'est une expérience qui m'a donné cette envie de vivre comme les gens, en m'incitant à faire du journalisme en immersion. D'où mes reportages en compagnie d'émigrés mexicains, de travailler comme chauffeur de taxi et même comme inspecteur d'abattoir, à l'occasion d'une série de reportages intitulée, "Le tribu de la chair". Cette première expérience a sans aucun doute influencé ma carrière.
Propos et photo recueillis par Herve CIRET (traduction Anatole Pons), lors du festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo 2016
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