Nous vous avons fait vivre l'édition 2016 du salon du livre de Paris (17-20 mars), à travers le regard d'éditeurs et d'auteurs américains ou écrivant sur les Etats-Unis et présents à cet évènement. Nous poursuivons par un poète français que l'Amérique a inspiré.
Enfant, Nicolas Grenier consultait
déjà les cartes de son atlas de géographie avec curiosité.
Notamment, celle de l'Amérique. Mais, c'est grâce au cinéma et à
la littérature qu'il a commencé à voyager aux États-Unis.
« L'intérêt pour ce pays s'est manifesté, lorsque j'ai
écrit un ouvrage non publié intitulé Le livre à brûler »,
explique cet auteur de poèmes publiés dans une cinquantaine de
revues francophones. « Dans l'un des chapitres, j'évoque le
séjour d'un voyageur chez les Indiens. Durant six jours, celui-ci
partage la mystique indienne, à travers des poèmes liés à
l'oralité, aux incantations, au chamanisme et aux éléments
naturels. » Quant aux westerns, petit, Nicolas Grenier –
qui souhaitait devenir cinéaste - a baigné dedans. Mais, dans une
moindre mesure, car ce sont les films français des années 1930 qui
le passionnent. « Bien sûr, j'ai été fasciné par le
souffle épique du western. Même si je me suis aperçu par la suite
que ce cinéma était, en réalité, une vitrine de l'impérialisme
américain. » Aujourd'hui, notre poète reconnaît qu'il
évoquerait plutôt « le drame du génocide des différentes
communautés indiennes ».
Nicolas Grenier a vingt-huit ans,
quand il publie ses poèmes sur les cinquante et un États
américains. Il a choisi d'écrire - non pas des haïkus comme
aujourd'hui - mais des poèmes courts en vers libres. « J'ai
imaginé une sorte de voyage extérieur, en voiture, mais aussi
intérieur, dans chacun de ces États, alors que je
n'avais jamais mis les pieds aux États-Unis. Parce
que le travail de l'auteur, c'est d'imaginer. » Et notre
poète de faire allusion au roman de Franz Kafka, « L’Amérique »,
dont l'action se déroule aux États-Unis, alors que l'auteur n'y a
jamais mis les pieds.
Abraham Lincoln |
Ensuite, Nicolas Grenier a l'idée
d'exhumer certains poèmes écrits par des présidents américains et
de les traduire. De George Washington à Barack Obama, en passant par
Abraham Lincoln et Jimmy Carter. « Pour moi, ces textes ont
constitué une découverte étonnante », reconnaît le
poète. « Car, quand on connaît la poésie, on se méfie
des profanes, qui plus est politiques. » Nicolas Grenier
découvre ainsi qu'une grande majorité des présidents américains
s'est mise à la poésie, de manière professionnelle ou amateur.
« Les poèmes de Lincoln sont inspirés par le romantisme et
la nature. Ceux du texan Jimmy Carter évoquent des souvenirs de
jeunesse liés au terroir. Quant à Barack Obama, qui a publié ses
poèmes dans une revue étudiante en Californie, sa poésie évoque
son père adoptif et son quotidien de l'époque. » Pour
Nicolas Grenier, cette passion de grands hommes d'État pour la
poésie est une très bonne chose. « Parce que la poésie,
au même titre que l'astronomie ou la botanique, fait partie
des domaines qui structurent un individu et donc notre
humanité. »
Et justement, le dernier recueil
de poésie publié par Nicolas Grenier, sous forme de haïkus, est
consacré à une aventure spatiale, celle de la sonde européenne
Rosetta et de son robot Philae (l'Echappée Belle édition). « Mon défi était d'allier
des contraires, de concilier l'immensité de l'univers et la
petitesse de l'homme et aussi du haïku, qui n'existe que depuis
trois cents ans. » Convaincu de la brièveté de la vie,
notre poète estime que chacun de nos actes doit s'avérer utile.
« En prenant le thème de Rosetta, donc de la technologie
spatiale, l'on touche à des choses essentielles dans l'histoire de
l'Humanité, parce que les astronautes qui sont allés là-haut sont
des hommes hors du commun. » En choisissant de traiter ce
sujet dans son dernier recueil de poésie, Nicolas Grenier veut
attirer l'attention du public sur un domaine scientifique qu'il
estime déterminant pour notre avenir. « Il faut créer des
vocations d'ingénieurs, car ces derniers conçoivent des inventions
qui élèvent l'homme et le font avancer, loin des gadgets de la
société de consommation. » Et Nicolas Grenier de nous
glisser un modeste conseil : « Cultivez le fait d'être
soi-même, dans la modestie comme dans l'arrogance. »
A lire également L'Amérique au salon du livre de Paris Reportage et photo : Herve CIRET
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