samedi 14 juin 2014

Il était une fois... une amoureuse de contes indiens


Depuis sa tendre enfance, l'auteur et illustratrice Marie DIAZ est passionnée par le conte et l’univers des amérindiens. "Je suis tombée sur ce conte des indiens Mi'kmaq qui s’appelle « L’invisible », en faisant des recherches sur une autre histoire que j’avais illustrée, il y a quelques années, et dont je recherchais les origines que je n’ai finalement pas retrouvées. Mais, à cette occasion, je suis tombée sur ce conte et j’en suis tombée amoureuse." Comme tous les enfants de sa génération (Elle est née dans les années 70), Marie aime le western et les livres d’aventure et de voyage. Mais, c'est le dessin animé "Peter Pan" de Walt Disney qui a tout déclenché. "C’est le 1er film que j’ai vu au cinéma quand j’étais petite. Et même si les indiens y sont caricaturés, c’est une référence qui a compté pour moi."

Marie DIAZ avait déjà illustré un conte amérindien, « Le voleur de saisons », aux éditions PEMF. Mais, elle attendait une "rencontre":"Parce que ce n’est pas évident de s’emparer d’une culture sur laquelle on a véhiculé beaucoup de clichés", confesse-t-elle. Aussi, elle souhaitait faire l’adaptation de ce conte, dans une démarche vraiment respectueuse de la culture indienne. "J’ai lu beaucoup de documentation sur les indiens Mi'kmaq pour comprendre l’arrière-plan symbolique. J’ai également fait appel à une ethnologue vivant à Halifax (Nouvelle-Ecosse) qui a défendu toute sa vie la cause des indiens Mi'kmaq, le docteur Ruth Holmes-Whitehead, qui a relu mon manuscrit traduit en anglais."

Pour notre illustratrice, le conte a un rôle à jouer à toutes les époques et les âges de la vie. "Je pense que c’est une nourriture vitale. Son contenu symbolique continue à nous nourrir à travers les destinations géographiques. Car, les motifs de contes voyagent d’un pays à l’autre." Ce qui a touché Marie dans le conte "L'invisible", c’est sa dimension mystique", explique-t-elle. "C’est une histoire d’amour, mais avec une forte dimension spirituelle. Parce que si l’on découvre l’union de deux êtres, ces derniers sont aussi reliés à tout leur environnement. Les humains ne vivent pas séparés du reste de l’univers, animé ou inanimé. Car, pour eux, tout a une âme et tout est interconnecté. Et c’est quelque chose auquel on doit à nouveau se relier aujourd’hui. Parce que tous les choix que l’espèce humaine a fait nous ont poussé à la catastrophe au niveau planétaire et maintenant on doit prendre la mesure des conséquences de nos décisions. Et les contes peuvent nous aider à prendre conscience de la façon dont nous sommes reliés à tout ce qui existe dans l’univers."



Marie Diaz estime que nous avons tout à apprendre de cet enseignement-là, car nous vivons, dit-elle, "complètement hors-sol et branchés à des machines. Nous avons oublié un peu du savoir-vivre de base avec nos semblables. Donc, il y a un déséquilibre auquel il faut remédier d’urgence. Et, je pense que nous sommes mieux armés pour le faire avec l’outil du rêve, de l’imaginaire et des histoires qui nous aide à nous relier à tout cela et fertiliser la réalité pour inventer de nouvelles solutions et prendre conscience de ce qui n’est plus possible de faire."

Le prochain album de Marie DIAZ sera un retour à des sources médiévales et scandinaves, avec un conte qui s’appelle « Le Prince dragon ». Elle l'avait entendu pour la 1ère fois au Festival « Etonnants Voyageurs » lors d’une conférence de l’elficologue Pierre Dubois. "Lui contait une version du nord de la France. Moi, j’ai fait ma propre mixture, à partir de plusieurs sources différentes. Ce nouveau conte sortira à l’automne 2014, chez Belin, le même éditeur que « L’invisible », dans la collection « Mille et un contes ».

Propos recueillis par Herve CIRET, durant le Festival Etonnants voyageurs 2014

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire