dimanche 25 mai 2014

Les réserves indiennes, miroir de l'Amérique ?


Durant l’exposition "Indiens des plaines", le musée du quai Branly à Paris propose de rencontrer des écrivains et des spécialistes passionnés qui tentent d'aller à l'encontre de nos idées reçues sur ces peuples. Le 24 mai 2014, son salon de lecture accueillait David Treuer, auteur indien Ojibwe, Francis Geffard, directeur des collections Terre indienne/Terre d'Amérique chez Albin Michel et Marie-Hélène Fraisse, grand reporter, productrice à France Culture et auteure de plusieurs livres sur les Indiens.  

"Il ne faut pas sans cesse rattacher les indiens au passé", tient à préciser Francis Geffard, en guise d'introduction. "La présence des indiens est toujours d'actualite en Amérique du Nord. William Faulkner affirmait : on ne comprend pas l'Amérique si l'on ne s'intéresse pas aux indiens. On serait même tenté de dire qu'à eux seuls ils sont l'Amérique et que, tout ce qui est venu après n'est qu'un rajout."

Il y a beaucoup de fantasmes autour des indiens. Il y a le western et aussi une espèce de rêverie" tient à souligner Marie-Noëlle Fraisse. "Mais, quand on va sur place on s'aperçoit que la présence indienne est bien là. Mais, il faut aller la chercher, parce qu'il y a des formes de ghettoïsation. En effet, l'Amérique du Nord est un pays qui n'a jamais été décolonisé. Puisque ses premières habitants sont toujours dans un statut de minorité." 



Francis Geffard ajoute : "les États-Unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle Zélande sont les 4 pays qui ont échappé au phénomène de décolonisation qui a sévi dans les années 50/60 et qui fait que, partout dans le monde, les pays ont été restitués à leurs habitants d'origine et libérés de leurs tutelles coloniales. Donc c'est important d'entendre aujourd'hui une histoire racontée d'une autre manière par ceux qui pendant longtemps ont été réduits au silence."

David Treuer qui a enquêté dans plusieurs réserves pour son dernier livre, "Indian Roads", a constaté que "les jeunes indiens d'aujourd'hui ont peur de leur succès. Comme s'ils en avaient honte. Une sorte de fatalité indienne. Et la plupart d'entre eux ont reconnu que, plus ils réussissaient dans la vie, moins ils se sentaient indiens."  

"Pourtant depuis le début, les indiens ont toujours été là pour façonner l'Amérique, politiquement, environnementalement," tient à préciser David Treuer. Et de faire remarquer le fait que "la démocratie américaine, comme le communisme tirent leur origine d'une même source: la démocratie représentative de la confédération des Iroquois, étudiée tant par Marx et Engels que par ceux qui ont donné naissance aux Etats-Unis actuels."

Et David Treuer d'affirmer que "si l'on veut vraiment comprendre l'Amérique, il n'y a pas mieux que les réserves indiennes. Parce qu'on y voit ce dont l'Amérique est capable. Du plus beau au plus laid, les contradictions de sa politique, ses espoirs, ses idéaux, ses échecs et ses drames. C'est pourquoi les réserves sont le meilleur endroitpour prendre la pleine mesure de l'Amérique."

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