L’acteur Jean-Louis Trintignant, décédé le 17 juin 2022, à l’âge de 91 ans, a parfois incarné des personnages dans des genres cinématographiques où on ne l'attendait pas. C'est le cas, en 1968, avec "Le Grand Silence" du réalisateur italien Sergio Corbucci. Un western dans lequel, le comédien français donne la réplique au ténébreux et inquiétant Klaus Kinski. Un acteur allemand qui a joué dans une vingtaine de films du genre, avant de connaître la célébrité avec "La Colère des Dieux" de Werner Herzog.
Barbu, encapuchonné dans un manteau de fourrure et maniant une arme redoutable - un pistolet Mauser équipé d'une crosse - Jean-Louis Trintignant interprète un personnage d'autant plus inquiétant qu'il est muet. L'acteur trouvant les westerns spaghettis trop bavards, c'était la condition posée à son ami producteur pour tourner ce western et l'aider à renflouer ses finances. L'action est censée se dérouler aux Etats-Unis, en Utah, en 1898. Jean-Louis Trintignant incarne "Silence", un pistolero recruté par la veuve d'un hors-la-loi, abattu par des chasseurs de primes dirigés par "Tigrero" (Klaus Kinski). Enfant, les assassins de ses parents lui ont coupé les cordes vocales.
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| Klaus Kinski, dans "Le Grand Silence" (1968) |
En 1968, le film a le malheur de sortir un mois seulement avant le western "Il était une fois dans L'Ouest" de Sergio Leone, qui deviendra le film-culte italien du genre. Même s'il est vu, en France, par près de 600 00 spectateurs et est bien accueilli en Allemagne, "Le Grand Silence" ne sera jamais diffusé aux Etats-Unis, en raison d'une fin sans "happy end". Résultat, "Ce fut le seul western qui ne marcha pas", raconte Jean-Louis Trintignant dans ses mémoires. "En voulant aider mon producteur, j'ai participé à sa ruine définitive." Quant au réalisateur, Sergio Corbucci, il réitérera l'expérience, un an plus tard, avec le chanteur Johnny Hallyday, dans "Le Spécialiste", sur la base d'un scénario quasi-identique.
Herve CIRET
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