La disparition du dessinateur de bande dessinée, Albert
Uderzo, le 24 mars 2020, est l'occasion de revenir sur son lien avec les Etats-Unis. C'est
en découvrant Mickey
Mouse
de Walt Disney, dans Le
Petit Parisien,
que le jeune garçon découvre la bande dessinée. Comme ce personnage doté de quatre doigts au lieu de cinq, Uderzo se singularise à sa naissance par ses six doigts à chaque main, avant d'être opéré.
Lors de ses premiers pas dans le métier, en 1950, Uderzo dessine pour le
journal belge Bravo ! une aventure de Capitaine Marvel Jr., personnage de comics américains dont un éditeur a acheté les
droits pour l'Europe. L'année suivante, le dessinateur fait la connaissance de René Goscinny, de
retour des États-Unis, passionné comme lui par l'oeuvre de Walt Disney. De cette rencontre naît le personnage de l'Amérindien Oumpah-Pah. Ses aventures, aux côtés du gentilhomme français Hubert de la Pâte Feuilletée, se déroulent au 18e siècle, lors des premiers contacts des Européens avec les tribus indiennes.
Très influencé par le
dessin animé, le trait d'Alfred Uderzo privilégie la dynamique du mouvement et les scénarii de Goscinny, l'humour débridé. Malgré tout, Oumpah Pah n'intéresse ni l'éditeur Dupuis,
ni les journaux belges. Lors d'un séjour aux
États-Unis, afin de lancer un magazine de télévision réalisé par cette même maison d'édition, René Goscinny fait traduire les dialogues d'Oumpah Pah et tente, en vain, d'y intéresser des éditeurs américains.
En 1958, Goscinny et Uderzo travaillant pour le journal Tintin proposent à nouveau leur bande dessinée amérindienne, qui
devient ainsi leur première grande série commune. En 1962, prétextant le mauvais
classement de la série au référendum de la revue, Goscinny
et Uderzo abandonnent Oumpah-Pah, en mettant fin à leur collaboration au journal Tintin.
Connaissant au Royaume-Uni un succès dépassant les attentes de son éditeur britannique, les trois premiers albums d'Astérix (Asterix the Gaul, Asterix and Cleopatra, Asterix the Legionary), sont diffusés aux Etats-Unis, par une maison d'édition new-yorkaise qui en acquiert les
droits de diffusion pour l'Amérique du Nord. Mais, la bande dessinée Astérix ne rencontre pas le même succès outre-Atlantique. Ses références totalement "frenchy" la rendent
peu attractive pour les lecteurs de comics américains. Ce qui n'empêche pas la National Cartoonists Society américaine de décerner un prix spécial à René Goscinny pour ses scenarii des aventures d'Astérix. Quant à Uderzo, il se voit décerner, en 2005, un prix spécial par le "temple de la renommée Will
Eisner" (dessinateur réputé des années 1930-1950) qui distingue les grands auteurs de la bande
dessinée américaine, mais aussi étrangère.
Herve CIRET
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