lundi 21 octobre 2019

FIAC 2019 : un galeriste français implanté aux Etats-Unis



La 46e Foire internationale d’art contemporain (FIAC) vient de fermer ses portes. Parmi la soixantaine de galeries américaines présentes, celles de José Martos (photo ci-dessus), directeur de Martos Gallery et de Shoot the Lobster. Un français ayant débarqué en 1991 aux States, où il a travaillé à la Keith Haring Fondation.


Où êtes-vous implanté aux Etats-Unis ?

Deux de mes galeries sont implantées, à New-York, dans le quartier de Chinatown, et la troisième à Los Angeles (Californie). Le nom "Shoot The Lobster" vient de la chanson The Magnificent Seven des Clash, un groupe de rock britannique que j’apprécie énormément. Cette galerie s’occupe uniquement des très jeunes talents à découvrir. Quant à Marcos Gallery, elle s’intéresse à des artistes en milieu de carrière, avec beaucoup d’Américains, dont certains se sont expatriés en Europe, mais aussi des Français. 
 
Quel artiste américain présentez-vous à l’occasion de la FIAC ?

Nous exposons un artiste afro-américain de 65 ans, originaire de Détroit (Illinois), Tyree Guyton. Ayant vécu avec son grand-père et son père, l’époque de la lutte pour la reconnaissance des droits civiques des Noirs américains, il travaille sur l’urbanisme, en essayant de préserver le quartier Heidelberg où il est né, en dépit du désastre causé par le déclin, dans cette ville, de l’industrie automobile et de l’industrie musicale avec la fin les studios Motown. Ainsi, cet artiste essaie-t-il de sauver des maisons de la démolition, afin d’y créer des œuvres artistiques et d’y fonder une école d’art. Tyree Guyton crée des tableaux figuratifs, avec des portraits, tels des djinns africains, sortes de sentinelles, agrémentées d’icones de l’histoire de l’art, telles des horloges marquant l’empreinte du temps sur nos vies. Et au lieu de devenir un délinquant dealant dans les rues de Détroit, un jeune de cette ville peut s’intéresser par ce biais à la culture. Le musée de Détroit vient de consacrer une rétrospective à Tyree Guyton, aux côtés de Richard Prince et il est collectionné par des gens qui possèdent des œuvres de nombreux artistes américains.

Oeuvre de Tyreee Guyton exposée à la FIAC 2019


Quelle est votre démarche vis à vis des jeunes artistes ?

A travers les galeries Shot The Lobster de New-York et Los Angeles, on donne une chance aux jeunes artistes en les exposants ici et là dans des foires. Et même si on vend pas, moi j’achète leurs œuvres pour leur mettre le pied à l’étrier, au tout début de leur carrière. J’en ai plus de 3 000 dans ma collection. Certaines je les ai achetées 500, 1 000 dollars et d’autres un peu plus chères. Ensuite, d’autres galeries viennent faire leur marché chez nous et les font connaître.

Quel est l’état du marché de l’art contemporain aujourd’hui aux Etats-Unis ?

Aujourd’hui aux Etats-Unis, beaucoup de grandes galeries ont d’importants moyens financiers. Donc, elles disposent du levier nécessaire pour investir dans des ateliers d’artistes découverts précédemment par des galeries plus modestes, mais dotées d’une philosophie de soutien d’un artiste, en l’exposant sur des foires. Mais, aujourd’hui, ces petites galeries sont confrontées à se battre contre ces grandes galeries qui doublent les prix des œuvres des artistes, qui, de ce fait, les quittent pour travailler avec ces « supermarchés de l’art ». D’où un risque d’engrenage, qui oblige de jeunes artistes à produire de plus en plus, ce qui peut menacer l’intégrité de leur principes et affecter leur art et générer, par ailleurs, des collectionneurs plus spéculateurs, plus intéressés par les résultats financiers et la côte des artistes.


Propos et photos recueillis par Herve CIRET lors de l'édition 2019 de la FIAC


 

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