La 46e Foire
internationale d’art contemporain (FIAC) vient de fermer ses
portes. Parmi la soixantaine de galeries américaines présentes,
celles de José Martos (photo ci-dessus), directeur de Martos
Gallery et de Shoot
the Lobster. Un français ayant débarqué en 1991 aux States, où
il a travaillé à la Keith Haring Fondation.
Où êtes-vous implanté aux
Etats-Unis ?
Deux de mes galeries sont implantées, à
New-York, dans le quartier de Chinatown, et la troisième à Los
Angeles (Californie). Le nom "Shoot The Lobster" vient de la chanson The Magnificent
Seven des Clash, un
groupe de rock britannique que j’apprécie énormément. Cette
galerie s’occupe uniquement des très jeunes talents à découvrir.
Quant à Marcos Gallery, elle s’intéresse à des artistes en
milieu de carrière, avec beaucoup d’Américains, dont certains se
sont expatriés en Europe, mais aussi des Français.
Quel
artiste américain présentez-vous à l’occasion de la FIAC ?
Nous
exposons un artiste afro-américain de 65 ans, originaire de Détroit
(Illinois), Tyree Guyton. Ayant vécu avec son grand-père et son
père, l’époque de la lutte pour la reconnaissance des droits
civiques des Noirs américains, il travaille sur l’urbanisme, en
essayant de préserver le quartier Heidelberg où il est né, en
dépit du désastre causé par le déclin, dans cette ville, de
l’industrie automobile et de l’industrie musicale avec la fin les
studios Motown. Ainsi, cet artiste essaie-t-il de sauver des maisons
de la démolition, afin d’y créer des œuvres artistiques et d’y
fonder une école d’art. Tyree Guyton crée des tableaux
figuratifs, avec des portraits, tels des djinns africains, sortes de
sentinelles, agrémentées d’icones de l’histoire de l’art,
telles des horloges marquant l’empreinte du temps sur nos vies. Et
au lieu de devenir un délinquant dealant dans les rues de Détroit,
un jeune de cette ville peut s’intéresser par ce biais à la
culture. Le musée de Détroit vient de consacrer une rétrospective
à Tyree Guyton, aux côtés de Richard Prince et il est collectionné
par des gens qui possèdent des œuvres de nombreux artistes
américains.
Oeuvre de Tyreee Guyton exposée à la FIAC 2019 |
Quelle
est votre démarche vis à vis des jeunes artistes ?
A
travers les galeries Shot The Lobster de
New-York et Los Angeles, on donne une chance aux jeunes artistes en
les exposants ici et là dans des foires. Et même si on vend pas,
moi j’achète leurs œuvres pour leur mettre le pied à l’étrier,
au tout début de leur carrière. J’en ai plus de 3 000 dans ma
collection. Certaines je les ai achetées 500, 1 000 dollars et
d’autres un peu plus chères. Ensuite, d’autres galeries viennent
faire leur marché chez nous et les font connaître.
Quel
est l’état du marché de l’art contemporain aujourd’hui aux
Etats-Unis ?
Aujourd’hui
aux Etats-Unis, beaucoup de grandes galeries ont d’importants
moyens financiers. Donc, elles disposent du levier nécessaire pour
investir dans des ateliers d’artistes découverts précédemment
par des galeries plus modestes, mais dotées d’une philosophie de
soutien d’un artiste, en l’exposant sur des foires. Mais,
aujourd’hui, ces petites galeries sont confrontées à se battre
contre ces grandes galeries qui doublent les prix des œuvres des
artistes, qui, de ce fait, les quittent pour travailler avec ces
« supermarchés de l’art ». D’où un risque
d’engrenage, qui oblige de jeunes artistes à produire de plus en
plus, ce qui peut menacer l’intégrité de leur principes et
affecter leur art et générer, par ailleurs, des collectionneurs
plus spéculateurs, plus intéressés par les résultats financiers
et la côte des artistes.
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