dimanche 18 février 2018

Les BD western du festival d'Angoulême 2018 : Texas Jack


Si deux albums western faisaient partie de la sélection officielle de l'édition 2018 du Festival de la bande dessinée d'Angoulême, aucun n'a décroché de prix. Ce qui n'a pas empêché le genre d'être fortement représenté lors de l'événement, grâce à des auteurs et dessinateurs renommés qu'Un Indien au Phare Ouest a rencontrés. 

Après Yves Swolfs, Hugues Micol et Hermannc'est Dimitri Armand, le dessinateur  de "Sykes", qui évoque son prochain album, "Texas Jack" - également scénarisé par Pierre Dubois - dont la sortie est prévue en novembre 2018, aux éditions Le Lombard.


Après "Sykes", vous récidivez avec un nouvel album western ?

Texas Jack
Oui, parce qu'avec le scénariste Pierre Dubois, nous avons vraiment adoré travailler ensemble sur l'album "Sykes" et nous voulions poursuivre notre collaboration. Nous aurions pu raconter la jeunesse de Sykes ou raconter l'histoire d'autres personnages de cet album. Mais, Pierre Dubois et moi souhaitions trouver un concept qui tienne la route. Aussi, Pierre a-t-il pensé à raconter l'histoire de John Baker Omohundro, dit Texas Jack - dont il est fait mention dans "Sykes" - en faisant un parallèle entre la vie de  cette légende de l'Ouest, connue de tous, et Sykes héros imaginaire qui résout les problèmes, mais dans l'ombre. Donc, le prochain album raconte l'histoire de Texas Jack, avant celle de Sykes. 
 
Graphiquement, ce second album a évolué par rapport à Sykes ? 

Les changements graphiques majeurs sont intervenus dans le premier tome, parce que sa réalisation s'est étalée sur six ans et que je faisais d'autres albums en parallèle. Donc, entre les premières et les dernières pages de Sykes, on constate une réelle différence. Mais, sur "Texas Jack", graphiquement ce sera un peu plus régulier, parce que l'album va faire, à priori, 119 pages et que je le dessine en un peu moins de deux ans. Donc, ce second album sera graphiquement plus cohérent.

Quelles sont vos références westerns, comparées à celles de Pierre Dubois qui est d'une autre génération ? 

Quand j'ai commencé l'album "Sykes", j'avais vraiment peu de références western, car, c'était un univers qui ne m'avait pas particulièrement interpellé auparavant. J'avais vu quelques séries TV comme "Deadwood" qui m'a beaucoup plu. Mais, je n'avais jamais vu des westerns modernes, comme « L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ». Or, sur "Texas Jack", j'ai eu vraiment l'occasion de visionner beaucoup de westerns de l'âge d'or, comme ceux de John Ford. Avec du recul, j'ai mieux compris les références qu'avait distillées Pierre Dubois dans "Sykes". Je ne le regrette pas, parce que, du coup, j'ai dessiné "Sykes" en étant vierge de toute référence, sans chercher à faire ressembler mes personnages à des acteurs ou à chercher des références graphiques à certains westerns. Je trouve cela plus intéressant d'amener un œil complètement nouveau. Je sais que si, aujourd'hui, je dessinais un western, fort de l'expérience acquise, je serai tenté de dessiner tel ou tel acteur ayant un charisme, comme Gary Grant, par exemple, et cela aurait été dommage finalement. 


Comment travaillez vous avec le scénariste Pierre Dubois ? 

Pierre Dubois
Le plaisir de travailler avec Pierre Dubois, c'est de jouir d'une extrême liberté. Car, son histoire est écrite comme une nouvelle et n'est donc pas découpée page par page, comme un scénario de BD classique. Du coup, j'ai tout mis en scène, fais le découpage de l'album. J'ai donc vraiment pu m'exprimer comme je voulais au niveau du storyboard et Pierre Dubois a très vite adhéré à mes propositions. 
 
Votre dessin enrichit visuellement le scénario ? 

C'était l'ambition de notre éditeur de confronter la vision très documenté de Pierre Dubois sur le western, avec celle de quelqu'un comme moi qui n'avait pas cette culture-là, mais pouvait renouveler le genre avec un dessin moderne. Ce qui était une très bonne idée, parce que des BD western qui rendent hommage au genre, il y en a déjà énormément et ce n'était vraiment pas la peine d'en rajouter. Donc, si j'ai réutilisé les codes du western et ses représentations, que nous connaissons tous, comme le cow-boy, le marshall, j'ai tenté d'y apporter un regard neuf, même si l'histoire peut paraître classique dans sa structure. Si bien que certains personnages de "Texas Jack" vont ressembler à ceux que j'ai pu faire dans d'autres BD, car on y reconnaît mon style graphique, sans y retrouver des références voulues à tel ou tel acteur de western. Ce qui permet d'apporter un peu de fraîcheur dans le genre, et de se différencier des autres albums western.

Propos et photo recueillis par Herve CIRET, lors de l'édition 2018 du Festival de la bande dessinée d'Angoulême

A lire également : interview de Christophe Blain (Gus t.4)

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