Le western dans la bande dessinée était le thème du débat
"Go west young man" qui réunissait quatre auteurs, lors de la 47e édition du salon du Livre de Paris (24-27 mars 2017). Herman (Duke tome 1), François Boucq (Bouncer tome 9), Hugues Micol (Scalp) et Frédéric Maffre (Stern tome 2) ont évoqué, au micro de Frédéric Hojlo (ActuaBD), ce genre BD qui continue d'avoir du succès auprès du public.
Comment ces auteurs sont-ils venus au western ?
Pour Hermann, cela a été relativement simple. "C'est grâce au cinéma, mais pas
seulement. J'ai aussi utilisé des livres qui relatent le comportement de
certains hors-la-loi aux Etats-Unis. Mais, dans mes albums, je ne pars pas en croisade contre quelque chose, j'essaie
simplement d'être le plus fidèle à ce qui est le plus proche de la terre, à la nature, car
cela me suffit amplement."
Hugues Micol |
Frédéric Maffre |
Pour Frédéric Maffre, "Un
western, car c'est quand même dans notre ADN. Le désert, les
indiens, cela nous parle et le
western étant un genre très codifié, cela veut
dire que l'on peut jouer avec les codes." Hugues Micol, lui a préféré aborder le genre de manière décalée, en s'intéressant à une époque historique antérieure au western. "Ce qui m'intéressait,
c'était plus le proto-western. L'action de mon histoire se situe dix
ans après la bataille de Fort Alamo et avant la guerre de Sécession.
Donc nous ne nous situons pas dans l'âge d'or du western, même si
l'on y retrouve toutes ses images iconiques. Mais, on n'y voit aucun Stetson, mais des chapeaux haut-de-forme et les révolvers sont de
gros Colt chargés à la poudre. Ce qui m'intéressait, c'était de montrer
l'aspect sauvage et ultra-violent de la création de l’État du
Texas."
La
culture western de François Boucq est essentiellement cinématographique et
graphique. "Mon envie de dessiner a été motivée essentiellement par
ces deux aspects-là. Notamment, les peintres du western qui sont
magnifiques, comme Maynard Dixon, qui m'ont permis d'introduire ces
paysages, ces couleurs, dans mes images. Mais, c'est surtout la
capacité qu'a le western en bande dessinée à générer de
nouvelles images, à cause des personnages, mais aussi des décors. Car, par leur dramaturgie, ceux-ci accentuent l'acuité des personnages."
Pour aborder le genre, François Boucq s'est également beaucoup documenté sur la culture des armes à feu aux Etats-Unis. "J'ai
commencé à lire des bouquins, pour savoir qui étaient les tireurs de
l'Ouest, car la culture des armes à
feu est ancrée dans les origines de ce pays. C'est beau à dessiner, car une arme est tellement le prolongement de la main, mais c'est aussi un outil de mort. Donc, j'ai pensé
qu'il y avait pour moi un moyen de m'associer à cet univers, de
trouver une manière pudique de le raconter."
Le western a-t-il encore un avenir ?
Hermann |
"Je
crois que le western va tenir le coup un certain temps, car ce n'est
pas le genre qui en a pris un coup mais la bande dessinée", estime Hermann. "Il a été au creux de la vague, mais maintenant il connaît un petit renouveau. En ce qui me concerne, le western est
aux avant-postes et nous sommes repartis
pour quelques années de très bonne santé."
"Je
ne pense pas que le western retrouvera le niveau de popularité qu'il
avait dans les années 1950-60 où il a connu un pic", estime Frédéric Maffre. "C'est un genre
qui revient parce que, d'un côté, cela manquait aux lecteurs. D'un autre côté, comme il y a beaucoup de
styles abordés dans le western, je pense que cela ouvre la porte à
d'autres approches un peu plus obliques et je pense qu'il existe un public en attente d'une façon de faire qui change un peu l'image
classique du western. Donc, le western devrait continuer, même si
cela ne sera jamais,le rouleau compresseur, mais il y a encore de
bonnes cartouches à tirer."
Boucq - Hermann - Maffre - Micol |
"Quand on a voulu faire
"Bouncer ", on nous a dit, cela ne valait pas le coup de
faire un western, car ce genre ne marchait plus", se rappelle François Boucq. "Nous, on s'est dit,
on s'en fiche, on va se faire plaisir. Puis, on s'est rendus compte
que cela marchait très bien. Parce que le cadre du western a un potentiel tellement
énorme que l'on peut l'utiliser sous plein d'angles différents."
"Chaque fois, on annonce que le
western est moribond, mais
il arrive toujours à se réinventer", considère Hugues
Micol. "Il y a dix ans, il y a eu le film
"L'assassinat
de Jesse James par le lâche Robert Ford" qui
réinventait le western à sa façon, de manière poétique
et onirique". Auparavant, il y avait eu la
série TV "Deadwood" et le livre de Céline Minard, "Faillir
être flingué".
Donc, le western se réinvente en passant de la série TV à la
littérature, car c'est un genre devenu universel, si on se réfère à la bande dessinée française. C'est devenu une espèce de pâte
avec laquelle on peut construire ce que l'on veut. C'est pour cela je
pense que le western ne mourra jamais."
A lire également Reportage et photos Herve CIRET
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