lundi 6 avril 2015

Duncan Phillips : l'américain qui a fait connaître le peintre Pierre Bonnard


Jusqu'au 19 juillet 2015, le musée d'Orsay à Paris propose une rétrospective de l'œuvre du peintre Pierre Bonnard (1867-1947). Parmi la centaine de tableaux exposés, une dizaine sont issus de collections et musées américains. Un engouement outre-Atlantique né de la passion d'un collectionneur, Duncan Phillips (1886-1966), pour cet artiste français. En 1921, il a ouvert à Washington le premier musée privé d'art moderne des Etats-Unis, 8 ans avant le célèbre Museum of Modern Art (MoMA) de New-York.

Duncan Phillips (1922)
Héritier d'une famille ayant fait fortune dans la banque et la sidérurgie, devenu critique d'art à 30 ans, Duncan Phillips se voit octroyer par son père chaque année, une somme de 10 000 dollars, afin de constituer ses collections. S'il achète les tableaux de peintres reconnus, notamment des impressionnistes, il expose également des artistes de son temps, comme Pierre Bonnard, qu'il contribue à faire connaître aux Etats-Unis. "Un homme timide et spirituel auquel on s'attache vite... un poète qui exprime le vivant tout entier dans son intimité", avoue alors le galériste. C'est en 1926, en tant que membre du jury de l'exposition Carnegie international, que l'artiste français - qui approche de la soixantaine - traverse pour la première fois l'Atlantique. Il se rend à Pittsburgh, Philadelphie, Chicago, Washington et New-York. C'est cette ville qui accueille, 2 ans plus tard, sa première grande exposition personnelle. 


Pierre Bonnard (1937)
En 1930, 7 toiles de Pierre Bonnard participent à l'exposition "Painting in Paris from american collections", au musée d'art moderne de New-York. 4 ans plus tard, ce sont pas moins de 44 de ses tableaux qui sont exposés à la galerie Wildenstein, toujours dans la cité de la "Grosse pomme". Invité en 1935 chez Phillips, Matisse, autre peintre français reconnu aux USA, découvrant que les oeuvres de Bonnard sont mieux mises en valeur que les siennes, dans sa galerie de Washington, aurait affirmé : "Vous avez raison, c'est le plus grand de nous tous." En 1944, 3 ans avant la disparition de Pierre Bonnard, lors de l'exposition "La vie française", à l'Institut of Modern art de Boston, ce sont les toiles de ce peintre prêtées par Phillips qui constituent l'essentiel des oeuvres proposées au public.

Marjorie Acker Phillips
Duncan Phillips, ainsi que son épouse Marjorie, également peintre, nouent une solide amitié avec Pierre Bonnard, dont ils apprécient les talents de coloriste et la peinture intimiste. L'ambition de ces deux amateurs d'art est de "montrer ce qu'il y a de mieux dans l'art mondial, tout en créant un laboratoire où des artistes vivants, en constante évolution, puissent montrer le résultat de leurs recherches et de leurs aventures esthétiques." Au lendemain du décès de Pierre Bonnard, en même temps qu'elles se déroulent au musée de l'Orangerie à Paris (le musée d'Orsay n'existe pas à cette époque), des célébrations ont lieu au Museum of Modern Art (MoMA) à New-York. A la fin des années 1960, un critique d'art va même jusqu'à écrire que le peintre français "a légué aux peintres non figuratifs majeurs américains la moitié de leur langage pictural."






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire