Après avoir évoqué la traque
d’un tigre des neiges en Russie, dans son précédent livre, cet auteur américain
s’est passionné pour une histoire vraie. Celle d’un bûcheron canadien pris d'un
remord inconsolable, après avoir abattu un épicéa d’or vieux de 300 ans. Il l'a racontée, lors de sa venue au Festival Etonnants Voyageurs de St-Malo - Photos Herve Ciret.
L’arbre d’or - un aspect dû à une mutation génétique - dont parle John Vaillant avait une circonférence à sa base de 2,50 mètres. Il a été préservé par les bûcherons venus
d’Angleterre qui coupaient tout ce qui avait poussé autour de cet arbre, en
laissant autour de lui un espace libre de 4 hectares. "Ces épicéas poussaient
jusqu’à 30 mètres de haut, c’étaient des arbres immenses. A tel point que les
bûcherons avaient du mal à les abattre", précise John Vaillant. "Une fois qu’ils l’avaient fait, ils ne
savaient que faire du tronc. Si bien qu’ils les faisaient exploser à la
dynamite."
Dans les années 1990, cet
arbre représentait une sorte d’oasis dans cet espace forestier complètement
saccagé, situé sur les îles Charlotte où vivait le peuple Haida. "40% de cette
population était constituée d’esclaves", explique l'écrivain."Ce qui a permis à ce peuple de
développer une culture complexe et riche. Cet archipel étant très reculé et
difficile d’accès, ce peuple était de ce fait inattaquable. Donc, eux pouvaient
se permettre d’attaquer les populations côtières et de revenir à leur base sans
être inquiétés. Car ils possédaient des canoës de 130 mètres de long pouvant contenir
une centaine de personnes. Donc, les Haida étaient un peuple haï et craint."

Chez le peuple Haida, ces îles et les gens qui les peuplent viennent d’un monde rempli de mythes. "Il existe encore des personnes capables de vous expliquer l’histoire de chaque plante, de chaque rocher, de chaque montagne qui existe dans cette nature. Et cet arbre d’or est la seule chose qui est reliée à cette nature. Or, il s’agit du seul objet vivant que l’on peut voir en tant qu’étranger." En effet, le reste des histoires qui subsistent concernent des rochers ou des personnages mythiques inconnus et cet arbre est la seule chose qu'on peut véritablement comprendre de ce peuple.
Le mythe de cet arbre coexistait avec le monde de l’abattage et ses bruits de scies et son matériel absolument impressionnant. "Pour vous donner une idée, les plus gros porte-containers au monde ont été construits pour transporter ces énormes troncs d'arbres. Figurez-vous qu’ils pouvaient transporter jusqu’à 400 camions." C'est dans ce contexte qu'apparaît Grant Hadwin, un bûcheron né à Vancouver, qui a fait carrière dans ces forêts et était particulièrement doué pour construire des routes permettant aux bûcherons d’accéder dans ces forêts à des bois tout à fait rares.

"Donc, une nuit de janvier 1997, en plein hiver, Grant Hadwin a traversé la rivière à la nage avec une scie sur le dos pour couper cet arbre. Ensuite, Grant Hadwin s'est rendu à la police, car pour lui c’était un acte militant. Il y est allé en canoë, car c’est une région qu’il connaissait parfaitement bien et il a disparu." John Vaillant explique qu'il y a une relation entre la forêt et la langue de ces tribus. "On a remarqué que très souvent la perte des forêts et du langage vont de paire. Soit, en même temps, soit suivie de très prêt. Donc, la forêt et les humains sont liés très étroitement. Et de la gestion de ces ressources dépend de façon directe, notre bien-être et notre santé.
Le prochain livre publié en janvier 2015 par John Vaillant sera pour la première fois une oeuvre de fiction. L’histoire d’un clandestin mexicain traversant la frontière en camion et qui est abandonné dans le désert américain. Un roman écrit à la premier personne. à travers le personnage du clandestin.
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