mercredi 4 juin 2025

La passion américaine de Philippe Labro

 

"Y a-t-il une émotion américaine qui l’emporte sur tout ? Oui, les sapins bleus du Colorado ! J’y ai passé trois mois fondateurs à nettoyer, avec une sulfateuse et de l’acide, les racines des arbres rongées par des scarabées voraces. J’ai découvert, dans cette forêt d’Uncompahgre, la beauté absolue de la nature". Ainsi parlait Philippe Labro, en se remémorant ses premières années passées aux Etats-Unis, au début des années 1950. Tombé amoureux de l'Amérique, il y a 71 ans, cet écrivain-journaliste nous a quittés le 4 juin 2025, à l'âge de 88 ans. 

En 1954, Philippe Labro a tout juste 18 ans, lorsqu'il décroche une bourse pour poursuivre ses études aux Etats-Unis, à l'université Washington et Lee de Lexington (Virginie). A son arrivée à New-York, le jeune natif du Tarn-et-Garonne est littéralement fasciné par ce qu'il y trouve. "Je découvre une ville multicolore, vivante et automobile, alors que je sors d’un Paris monochrome. Je vois des êtres humains qui ne ressemblent, ni à mes parents, ni à mes frères, ni à mes copains. A l’époque, les Américains ne sont pas gros. Les hommes ont presque tous la coupe en brosse et les femmes, plutôt belles, sont inaccessibles".

Philippe Labro étudiant aux Etats-Unis en 1954

Deux ans plus tard, pourquoi Philippe Labro ne reste-t-il pas aux Etats-Unis ? "Mon frère faisait la guerre d’Algérie. Je pensais que c’était celle de ma génération. Je songeais à Norman Mailer qui, à 20 ans, s’était engagé dans la guerre du Pacifique en se disant : J’ai un roman là-bas. Je me disais que la guerre d’Algérie sera un bon roman". Philippe Labro l'écrira en 1994, son titre "Des feux mal éteints". Mais le jeune journaliste ne reste pas longtemps éloigné de l'Amérique. En 1963, à 27 ans, en tant que correspondant de "France-Soir" aux Etats-Unis, il se retrouve l'un des deux seuls reporters français (avec François Pelou de l’Agence France Presse) présents, à Dallas (Texas), au lendemain de l'assassinat du président John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre de cette année-là. "Sur place, j'ai vu Oswald [tueur présumé de JFK], rencontré Jack Ruby, la veille du jour, où il assassina Oswald", témoignera plus tard Philippe Labro. Un moment historique qui marque la carrière du jeune journaliste et lui permet de faire la une de France Soir, durant plusieurs jours. 
 
Johnny Hallyday et Philippe Labro en 1970

Au début des années 1970, en plein période hippie, Johnny Hallyday cherche à changer de répertoire. Finis les titres yé-yé, place aux chansons à texte. C'est Philippe Labro qui - après une première collaboration sur son album "Vie", avec la chanson "Jésus-Christ" comparant le Christ à un hippie - est le premier à écrire un album entier pour le chanteur. C'est "Flagrant délit", aux sonorités country, blues et gospel, largement inspirées par l'Amérique. La plupart des titres sont des adaptations en français de chansons d'artistes américains : John Fogerty des Creedence Clearwater Revival, Gary Wright de Spooky Tooth, Leon Russell et Hugh McCracken. L'album est enregistré à Londres avec des musiciens américains. "Je suis parti avec ma petite machine à écrire, ils m'ont enfermé dans une chambre d'hôtel, juste à côté des studios Olympic, où les Beatles enregistraient d'habitude", se rappelle Philippe Labro. Fin 2024, au moment de l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, le journaliste-écrivain ne mâche pas ses mots à l'encontre du nouvel occupant de la Maison-Blanche. "Donald Trump, c'est John Wayne puissance 1 000".
 
Herve CIRET 
 
Interview de Philippe Labro, en 2012, à l'occasion de la sortie de son livre "Mon Amérique"


Nicole Croisille, "soul sister" de la musique américaine

 


La chanteuse Nicole Croisille est décédée le 4 juin 2025, à l’âge de 88 ans. A l'adolescence, elle découvre le trompettiste Sidney Bechet et l’ambiance jazzy des caves de Saint-Germain-des-Prés. "Je suis née avec le jazz", clame-t-elle haut et fort. "J’éprouve ce besoin de pulsations sans savoir d’où ça vient". En 1960, fascinée par le jazz et parfaitement bilingue, elle découvre les États-Unis, lors d'une tournée en compagnie du mime Marceau. Elle assiste à des concerts dans des clubs de Chicago et accompagne parfois des musiciens au chant, qui la surnomment "Soul Sister", en raison de sa voix qui swingue. En 1960, Nicole Croisille remplace au pied levé Dany Saval - alors future épouse de Michel Drucker - pour assurer un spectacle de danse french cancan dans un casino de Reno (Nevada), près de Las Vegas. L'occasion pour la danseuse de monter à cheval, avec les croupiers, dans les ranchs avoisinants.

Nicole Croisille (2e à gauche) au club de jazz St Hilaire à Paris
 

Entre deux voyages en Amérique, Nicole Croisille affectionne les "boeufs", ces chansons improvisées, en compagnie de musiciens dans les clubs de jazz parisiens. C'est ainsi qu'un soir, elle tombe sur le pianiste et chanteur américain Ray Charles et lui chante sa chanson "Hallelujah, I Love Her So". De retour en France, en 1961, son premier 45 tours est une adaptation de ce titre de Ray Charles.

En 1964, cette passionnée des comédies musicales américaines participe à la tournée des Folies-Bergère à New York. A cette occasion, elle présente à Broadway plusieurs tableaux d'un spectacle dont la chanteuse Patachou est la vedette et reste vivre un an à New York. Mais pour voir son nom en haut de l'affiche d'un "musical" en anglais, il lui faut patienter jusqu'en 1993, avec "Hello Dolly"au théâtre du Châtelet à Paris. 

À son retour des États-Unis en 1966, Nicole Croisille connaît un succès international avec la chanson-titre du film "Un homme et une femme" de Claude Lelouch, composée par Francis Lai et interprétée en duo avec Pierre Barouh. La bande originale du film est alors le premier disque français certifié "disque d'or" aux États-Unis, ses ventes représentant un somme de plus d'un million de dollars.


En 1968, la chanteuse interprète la chanson "I'll Never Leave You" (vidéo ci-dessus) du film "Les Jeunes Loups" du réalisateur Marcel Carné, sous le pseudonyme de Tuesday Jackson, avant de reprendre son véritable patronyme. La même année, Nicole Croisille incarne la voix française de la chanteuse Shani Wallis, dans le film "Oliver !" adapté de la comédie musicale britannique éponyme mettant en scène le personnage d'Oliver Twist de Charles Dickens.


En 1977, Nicole Croisille enregistre l'album "Femme... Woman in Your Arms", un album inédit contenant des réinterprétations en anglais de ses plus grands succès. En 1978, elle chante en duo, avec le chanteur afro-américain Johnny Mathis, "Les Moulins de mon coeur", de la bande-son du film "L'Affaire Thomas Crown" de Norman Jewison, avec Steve McQueen et Faye Dunaway.  Composée par Michel Legrand, la chanson se voit décerner le Golden Globe et l'Oscar de la meilleure chanson en 1969.

Dans les années 1980, Nicole Croisille revient à ses mélodies préférées, les musiques noires-américaines, notamment le jazz, ainsi que les musiques métissées. Mais, n'écrivant, ni ne composant elle-même des chansons, elle demeure dépendante des compositeurs, ce qui fragilise sa carrière musicale. Aussi, reprend-t-elle le chemin du théâtre, du cinéma et de la télévision, en y faisant quelques apparitions.  

Herve CIRET

dimanche 25 mai 2025

Etonnants Voyageurs 2025 : les écrivains américains débattent de l'Amérique

 

Le festival "Étonnants Voyageurs" de Saint-Malo (7-9 juin 2025) vous permet de rencontrer de nouveaux auteurs américains, lors de débats thématiques en public. Pour ne pas rater ces instants précieux, nous les avons listés pour vous, par ordre chronologique.

 

Romans d’alerte avec John VAILLANT et Stephen MARKLEY

Samedi 13h45 - La Grande Passerelle - Salle 2

Ce débat permet de faire connaissance avec deux écrivains qui, par la fiction ou l’enquête, alertent sur les dangers des catastrophes naturelles. A travers son livre "L’âge du feu", John Vaillant nous raconte l’histoire de l'immense incendie qui a ravagé, durant un an, la cité pétrolière de Fort McMurray (Canada). Avec "Le déluge", Stephen Markley, sonde notre conscience citoyenne et pointe du doigt les responsabilités des politiques face aux désastres écologiques.


Projection du film "Barking in the dark" de Marie LOSIER

Samedi - 22h15 La Grande Passerelle - Salle 3

Imprégnée du cinéma expérimental new-yorkais et fascinée par les personnalités marginales, la réalisatrice Marie Losier évoque ici  les "Residents". C'est un collectif d’artistes de San Francisco (Californie), créé en 1969, se présentant, le plus souvent, avec un smoking et masqués. Le documentaire montre comment ce collectif a révolutionné l’underground, avec ses expérimentations sonores et son esthétique visuelle audacieuse à travers 80 albums et pièces de théâtre.

 

Ecrire à l’ère de Trump avec Mateo Askaripour, Lauren GROFF et Stephen MARKLEY

Dimanche 10h00 - La Grande Passerelle - Médiathèque “Chambre d’écriture” 

Comment les écrivains américains font-ils face à l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ? Comment se manifeste leur engagement ? Dans son roman, "Les terres indomptées", Lauren Groff explore le fondamentalisme religieux, à l'origine de la création des États-Unis. Dans son ouvrage "Le déluge", Stephen Markley témoigne du chaos climatique et politique et des émotions que celui-ci provoque. Quant à Mateo Askaripour, dans "Tous les invisibles", il évoque  les luttes raciales et nous questionne sur notre capacité à protéger ceux que nous aimons.

 

Vers le crépuscule de la raison ? avec John VAILLANT

Dimanche 10:00 - Rotonde Surcouf 

Peut-on avancer tous ensemble dans le même sens, quand notre perception de la réalité est aussi divergente ? Dans "L’âge du feu", qui relate un récit sur l’industrie pétrolière canadienne, le journaliste américain John Vaillant alerte sur le changement climatique et ses conséquences, dans un monde gagné par la recherche effrénée du profit.


Mers initiatiques avec Matt RIORDAN

Dimanche 11h15 - La Grande Passerelle - Médiathèque “Chambre d’écriture”

Comment aborder l'étendue maritime, afin de s'interroger sur soi et former son caractère ?  Embarqué à l'âge de 20 ans, sur des bateaux de pêche en Alaska, l'écrivain américain Matt Riordan raconte, dans "Seul l’horizon", une saison de pêche sous haute tension, avec un équipage d'anciens détenus, en mer de Bering.

 

Rencontre Une Rance à soi avec Sinan ANTOON

Dimanche 11h00 et lundi 11h00 - Maison du Québec 

L’exposition "Une Rance à Soi" met en lumière 12 femmes venues d'ailleurs ayant trouvé un ancrage en vallée de la Rance, près de Saint-Malo. Sa créatrice, Karine Fougeray, échange autour de ces parcours d’exil, avec Sinan Antoon, écrivain irakien exilé à New York.


Voix d’Amérique avec David JOY et Stephen MARKLEY

Dimanche 18h15 - Café Littéraire

David Joy est un auteur de la région des Appalaches (Caroline du Nord). Il en a exploré la pauvreté, la violence, le trafic d'armes et de drogues, et les tensions entre communautés. Son dernier roman, "Les Deux Visages du monde", raconte le retour d'une jeune artiste afro-américaine, dans sa ville montagnarde natale, bien déterminée à dénoncer le passé esclavagiste de sa région; Quant à Stephen Markley, son premier roman "Ohio" décrivait une Amérique rongée par les divisions et la peur du terrorisme. Son deuxième opus, "Le déluge", est inspiré par l'ouragan Katrina en 2005.


Penser la pluralité des mondes avec Lauren GROFF

Lundi 10h00 - Rotonde Surcouf 

Lauren Groff consacre son dernier roman "Les terres indomptées", au devenir d'une jeune servante, fuyant la famine et la maladie d'un fort colonial de Virginie au 17e siècle, pour parcourir dans les étendues sauvages. Une lutte pour la survie, dans un monde hostile et pas encore colonisé, dans lequel l’héroïne avance, en se souvenant de son enfance de servitude en Europe et de sa difficile traversée vers l’Amérique.


Et après ? avec Jean HEGLAND

Lundi 15h00 - Café Littéraire

En 1996,  Jean Hegland, enseignante américaine, écrit son premier roman, "Dans la forêt" qui évoque la relation entre deux sœurs devant survivre dans une forêt du nord-californien. Depuis Jean Hegland a publié deux autres romans : "Windfalls" (2021) et "Still Time" (2023). En 2025, elle propose une suite à "Dans la forêt", avec "Le temps d'après".


L’amour du sauvage avec Eowyn IVEY

Lundi 15h15 - Univers (Grande Salle) 

Au cœur de paysages sauvages, cette autrice américaine sonde les liens que nous tissons avec la nature. Son nouveau roman, "Une histoire d’ours", décrit le destin d’une mère et de sa fille, face à un homme mystérieux, dans les immensités de l’Alaska.

Herve CIRET

samedi 24 mai 2025

Ridiculiser les armes à feu au Far-West pour mieux les dénoncer

 

 

La galerie Daniel Maghen à Paris consacre une rétrospective à l'oeuvre de l'illustrateur américain Carter Goodrich, ayant collaboré avec les plus grands studios d'animation (Dreamworks, Pixar, etc). En dehors de son travail dans l'édition et le cinéma, il a également illustré plus d'une vingtaine de couvertures du magazine "The New-Yorker". Pour la toute première fois en France, cette exposition présente des portraits ironiques de personnages stéréotypés de la conquête de l'Ouest. Un projet destiné à un long métrage d'animation engagé contre le port d'armes aux Etats-Unis et sur lequel Carter Goodrich travaille depuis 10 ans. le port d'armes aux USA

Carter Goodrich exprime son dégoût des armes en caricaturant les figures du Far-West (shérifs, pionnières, hors-la-loi, etc), en les représentant dans des postures et avec des morphologies grotesques. Ces portraits ont été rassemblés dans le livre "Western !", publié à l'occasion de cette exposition par les éditions Daniel Maghen. A feuilleter également, le livre "Casting Call" qui réunit des croquis de personnages par Carter Goodrich refusés par les studios d'animation américains.

Concepteur de personnages pour de grands films d’animation américains, Carter Goodrich a travaillé, entre autres, sur les dessins animés "Moi, moche et méchant", "Le Monde de Nemo", "Ratatouille", "Le Prince d’Égypte", "Hôtel Transylvanie". Il a également rédigé et illustré de nombreux livres pour enfants, dont certains ont été publiés en France. 

Herve CIRET

Du 28 mai au 21 juin 2025, exposition Carter Goodrich, à la galerie Daniel Maghen, 36 rue du Louvre à Paris, du mardi au samedi de 10h30 à 19h

 

En vidéo d'autres oeuvres de Carter Goodrich

vendredi 23 mai 2025

Etonnants Voyageurs 2025 : l'Amérique vue par un Français et un Anglais

 

Mur matérialisant la frontière américano-mexicaine

Au-delà de la découverte de nouveaux auteurs d'outre-Atlantique, le festival "Étonnants Voyageurs" de Saint-Malo (7-9 juin 2025) évoque, encore et toujours, les Etats-Unis, à travers la présence de deux écrivains non-américains, le français Sylvain Prudhomme et le britannique Roy Jon Ellory.

"J’ai eu envie d’écrire ce livre de la frontière vécue, éprouvée, sans presque plus rien que les voix et les visages rencontrés, à hauteur de femmes et d’hommes ordinaires, habitués à la vivre dans leur chair", explique Sylvain Prudhomme, à l'occasion de la publication de son dernier ouvrage "Coyote" (éditions de Minuit) Son titre fait référence au personnage facétieux, mi-animal mi-homme, des légendes amérindiennes. 

Sylvain Prudhomme

En interviewant camionneurs, employés de station-service, trafiquants de drogue, simples ouvriers, Sylvain Prudhomme a voulu savoir ce que pensaient les Américains vivant le long des 2 500 km de frontière, entre les Etats-Unis et le Mexique. À travers ces témoignages recueillis lors d'un voyage en auto-stop, l'auteur tente de brosser le portrait des habitants de cette zone frontalière, qui fait tant débat aux Etats-Unis. Notamment, depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

José, un garde frontière rencontré par Sylvain Prudhomme

Dans chaque chapitre de "Coyote" - intitulé du nom de l'automobiliste ayant pris l'auteur en stop - ce dernier mentionne les noms des villes et le nombre de kilomètres parcourus avec chacun de ses chauffeurs. Chaque trajet se conclut par une photo Polaroïd de ces derniers, à laquelle s'ajoutent des réflexions, à la manière d'un carnet de voyage. Sylvain Prudhomme est l’auteur d’une dizaine de livres, parmi lesquels "Par les routes" (Prix Femina 2019), "Les Grands et Les Orages" (L’Arbalète), tous salués par la critique et traduits à l’étranger.

Roger Jon Ellory

Fasciné par le côté obscure de l'âme humaine, le britannique Roger Jon Ellory a toujours dépeint dans ses romans une Amérique toute en noirceur. De la Mafia à la police de New-York, en passant par les services secrets américains. Dans son dernier thriller, "Everglades" (Sonatine Éditions), dont l'action se déroule dans les années 1970 en Floride, Ellory s'attache aux pas d'un shérif adjoint obligé de mettre fin à sa carrière, pour cause de blessures. Devenu gardien d'un pénitencier, situé en pleine zone de marais, sur les ruines d'une ancienne mission espagnole, il va utiliser son flair de policier pour résoudre les énigmes d'un suicide et d'une évasion.

Orphelin à 7 ans, Roger Jon Ellory a découvert la littérature avec Agatha Christie, Arthur Conan Doyle, Truman Capote, Charles Dickens et Ernest Hemingway. Condamné à 16 ans à trois mois de prison pour vol de nourriture, il monte un groupe de rock comme guitariste. Entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, Roger Jon Ellory écrit 22 romans non édités. Ce n'est qu'en 2003 qu'il voit publier son premier roman, "Papillon de nuit" (Sonatine Éditions). "Everglades" est son 23e ouvrage.

Herve CIRET

jeudi 22 mai 2025

Memorial Day : l'Amérique rend hommage à ses soldats morts au combat



Célébré le dernier lundi du mois de mai - en 2025, le 26 mai - le Memorial Day, jour férié aux États-Unis, rend hommage aux membres des forces armées américaines, morts au combat. Il trouve ses origines dans la guerre de Sécession, durant laquelle les tombes des soldats, du Nord comme du Sud, étaient fleuries. 

C'est un représentant de l’État de l'Illinois, le major-général John Alexander Logan, qui, le 5 mai 1868, proclama ce jour comme férié aux USA. Mais, ce n'est que 14 ans plus tard, en 1882, que ce jour fut appelé le « Memorial Day » et qu'il fut décidé qu'il célébrerait tous les morts au combat et non plus, seulement, ceux de la Guerre de Sécession
 
Au niveau fédéral, il faut attendre 1971 pour que ce jour férié soit institué le dernier lundi du mois de mai, afin d'ainsi offrir aux citoyens américains un week-end de trois jours. C'est pourquoi le Memorial Day marque le début officieux de la période commerciale estivale. C'est ce qui explique le souhait des vétérans américains de revenir à la date initiale du 5 mai, afin de ne pas en faire uniquement une journée d'intérêt exclusivement commercial.

Lors du Memorial Day, des défilés sont organisés dans tout le pays et le président des États-Unis se rend au cimetière national d'Arlington, dans la banlieue de Washington (District of Columbia). Cependant, comme en France, les Etats-Unis honorent leurs anciens combattants, lors du Veterans Day, le 11 novembre, date anniversaire de la signature de l'armistice qui mit fin à la Première Guerre mondiale. 

Comme le déclarait en 1868, le général John Alexander Logan, à l'origine de cette journée d'hommage : « Gardons leurs tombes avec une vigilance sacrée, ne les négligeons pas, ne les laissons pas ravagées par le temps, afin de témoigner que nous n 'avons pas oublié le prix à payer d'une république libre et indivisible. »

Herve CIRET

mercredi 21 mai 2025

Décès de l'acteur George Wendt, légende de la TV américaine

 

Connu pour son rôle dans la série TV à succès "Cheers" - qui lui a valu six nominations consécutives aux Emmy Awards - l’acteur américain George Wendt est décédé, le mardi 20 mai 2025, à Los Angeles, à l’âge de 76 ans. Cette série raconte la vie du bar le "Cheers", à Boston, où George Wendt, chope de bière à la main, tient le rôle d'un habitué de l'établissement, à qui les clients demande régulièrement conseil.


Né à Chicago (Michigan), l'acteur a fait ses débuts dans les années 1970 au sein de "The Second City", une troupe d’improvisation théâtrale de sa ville natale. En 1980, il se consacre au cinéma, mais surtout à la télévision, en y multipliant les seconds rôles durant trente ans. Il a notamment fait des apparitions dans des séries à succès telles "Columbo", "Les Simpson", "Sabrina l’apprentie sorcière". Côté cinéma, il a joué dans plusieurs films, dont "Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion ?" (1982) et "Forever Young" (1992). Dans les années 1990, il participe régulièrement à l'émission de divertissement "Saturday Night Live", sur la chaîne américaine NBC. 

Herve CIRET

dimanche 18 mai 2025

Etonnants Voyageurs 2025 : dix auteurs américains à découvrir

 

Le festival international du livre et du film "Étonnants Voyageurs" de Saint-Malo (7-9 juin 2025) propose des débats et des films consacrés aux Etats-Unis. L'évènement est aussi l'occasion de découvrir dix nouveaux auteurs américains

Sinan ANTOON

Né à Bagdad (Irak) en 1967 et installé aux Etats-Unis depuis 1991, ce poète, romancier et traducteur est diplômé de l'université de Georgetown (Washington) et de l'université d'Harvard. Ses trois romans l'ont propulsé au premier rang des écrivains de son pays. Son dernier roman, "Comme un parfum de lavande", paru chez Actes Sud en avril 2025, raconte les péripéties de deux irakiens à New-York, où ils se sont expatriés, après la chute du dictateur Saddam Hussein  Ainsi, après "Seul le grenadier" et "Ave Maria", Sinan Antoon interroge la notion de patrie lorsqu'on est réfugié dans un pays étranger.

Mateo ASKARIPOUR 

Né aux États-Unis, d'un père jamaïcain et d'une mère iranienne, cet ancien directeur des ventes d'une startup s'est tourné vers l'écriture, avec son premier roman, "Buck & moi" (2022), listé parmi les best-sellers du New York Times. Il raconte comment un major de promotion, vivant avec sa mère à Brooklyn, choisi de travailler comme barman dans un café Starbucks de Manhattan. C'est là qu'il rencontre un homme d’affaires qui lui propose de rejoindre sa startup au but pour le moins opaque.

Lauren GROFF

Née à Cooperstown (État de New York), cette écrivaine américaine a vu son premier roman, "Les Monstres de Templeton" (2008), listé parmi les best-sellers du New York Times. Lauren Groff y évoque l'écrivain James Fenimore Cooper et la ville de Templeton, ancien nom de sa ville natale. Lors de la parution de son second roman, "Les Furies" (2015), le président Barack Obama le désigne comme "l'un des livres les plus intéressants" lu cette année-là. Publié en 2018, son recueil de nouvelles "Floride" est sélectionné pour le National Book Award. Avec "Matrix" (2023), elle signe un récit sur la vie de Marie de France, abbesse dans une abbaye anglaise au 12e siècle. En 2025, elle publie un roman d'aventure, "Les terres indomptées". Au 17e siècle, dans ce qui deviendra plus tard les États-Unis, l'histoire d'une jeune fille qui va devoir survivre dans une forêt obscure, après avoir échappé à la servitude. En 2024, le Times Magazine a nommé Lauren Groff, parmi les 100 personnes les plus influentes en 2024, dans la catégorie artiste.

Jean HEGLAND

Née à Pullman (État de Washington), cette écrivaine américaine a exercé divers petits boulots, avant de devenir enseignante. En 1996,  elle écrit son premier roman, "Dans la forêt", sur la relation entre deux sœurs devant survivre seules dans une forêt dans le nord-californien. Deux ans plus tard, le roman connaît un succès aux Etats-Unis, puis à l'international et est même adapté au cinéma en 2015. "Dans la forêt" ne paraît en France qu'en 2017, suivi d'une adaptation en bande dessinée en 2019. Depuis Jean Hegland a publié deux autres romans : "Windfalls" (2021) et "Still Time" (2023). En 2025, elle propose une suite à "Dans la forêt", avec "Le temps d'après".

Miles HYMAN

Né à Bennington (Vermont), c'est un illustrateur franco-américain, influencé par les tableaux des peintres Edward Hopper, Edouard Vuillard et Pierre Bonnard. Les films noirs sont également l'une de ses sources d'inspiration. Auteur de bandes dessinées, il a notamment adapté le roman "Le Dahlia Noir" de  l'écrivain américain James Ellroy. Depuis 2017, Miles Hyman vit à Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne). En 2024, il a illustré "America", un panorama général de l'Amérique vu par le journaliste malouin François Busnel.

Eowyn IVEY

Née et vivant en Alaska, cette écrivaine américaine a été libraire et journaliste, avant de publier son premier roman "L'enfant de neige" (2012). Inspiré de son expérience personnelle dans le Grand Nord, il a été finaliste du prix Pulitzer et est devenu un best-seller mondial. Son nouveau roman, "Une histoire d’ours", décrit le destin d’une mère et de sa fille face à un homme mystérieux, dans les immensités de l’Alaska.

David JOY

Avec déjà cinq romans à son actif, cet écrivain américain s’est imposé comme l’auteur des Appalaches, territoire de l'Etat de Caroline du Nord, dont il est originaire. Il en a exploré toutes les facettes, de la pauvreté à la violence, en passant le trafic d'armes et de drogues, les tensions entre communautés et même la religion. Son dernier roman, "Les Deux Visages du monde", raconte le retour d'une jeune artiste afro-américaine, dans sa ville montagnarde natale. Déterminée à dénoncer le passé esclavagiste de sa région, elle y provoque de violentes tensions. Dans le même temps, un policier local arrête un suprémaciste blanc. Chacun des deux personnages va devoir faire face à des secrets et des mensonges enfouis depuis plusieurs générations.

Stephen MARKLEY

Né à Mont Vermont (Ohio) et vivant à Los Angeles (Californie), il a été chroniqueur pour l'hebdomadaire RedEye à Chicago (Illinois). Son premier roman "Ohio" décrit une Amérique rongée par les divisions et la peur du terrorisme. Son deuxième roman, "Le déluge", lui a demandé plus de dix ans de travail et a été inspiré par l'ouragan Katrina en 2005. Il évoque les conséquences du dérèglement climatique. Notamment, les crises migratoire et alimentaire et les krachs boursiers.

Matt RIORDAN

Né dans le Michigan, dès l'âge de 20 ans, il embarque sur des bateaux de pêche en Alaska, avant d’atterrir à la faculté de droit. Après avoir exercé durant vingt ans le métier d’avocat, il s'est mis à l'écriture avec son premier roman, "Seul l’horizon". Celui-ci raconte une saison de pêche sous haute tension, avec un équipage d'anciens détenus, dans les eaux polaires de la mer de Bering.

John VAILLANT 

Né dans le Massachusetts, cet écrivain et journaliste américain à travaillé pour le New-Yorker et le National Geographic. Son premier roman "L'arbre d'or" (2014), qui traitait de l'abattage des épicéas avait été présenté aux Etonnants Voyageurs. Il avait été suivi par "Le Tigre", la traque d'un fauve dans la Taïga russe et par "Les enfants du jaguar", sur la survie de Mexicains bloqués à la frontière américaine par des passeurs. En 2024, John Vaillant revient avec "L’âge du feu", un récit sur l’industrie pétrolière canadienne, qui alerte sur le changement climatique et ses victimes.

Herve CIRET

mercredi 14 mai 2025

Le réalisateur de Kramer contre Kramer est mort


Le réalisateur américain Robert Benton est mort le 13 mai 2025, à New-York, à l’âge de 92 ans. Natif du Texas, il s’est fait connaître à Hollywood en co-signant le scénario de Bonnie and Clyde (1967), film sur le célèbre couple de braqueurs de banques des années 1930. Mais, aussi, celui de Superman (1978). En 1972, Robert Benton avait tourné le western Bad Company, sur un réfractaire à la guerre de Sécession qui rejoint une bande de hors-la-loi.

 
En tant que réalisateur, Robert Benton a également marqué les esprits avec Les Saisons du cœur (1984), l’histoire d’une veuve texane luttant pour sa survie durant la Grande Dépression. Mais son œuvre-phare reste Kramer contre Kramer (1979). Un film sur les affres du divorce qui a décroché 5 Oscars, dont celui du meilleur film, du meilleur acteur (Dustin Hoffman) et du meilleur second rôle féminin (Meryl Streep).
Herve CIRET

mardi 13 mai 2025

Festival de Cannes 2025 : le cinéma américain bien présent