Puccini |
En 2004, Dan Jemmett, metteur en scène
londonien installé en France, proposait sa version "western"
d'un opéra comique d'un autre compositeur italien, Gioacchino Rossini,
"L'occasion fait le larron". Une oeuvre créée
au XIX e siècle, qui n'avait pourtant rien à voir avec le
Far-West.
Dans la mise en scène de Dan Jemmett,
les chanteurs portent Stetson, vestes à franges et déambulent
dans un train, tout droit sorti de la série télévisée
"Les Mystères de l'Ouest" ! Preuve que
la musique classique peut, elle aussi, être "western".
Pourquoi
avoir choisi une mise en scène "western" pour un opéra
classique
D’abord, parce j’aime bien les cow-boys (rire) et la
musique country. Ensuite, je compte pas mal de westerns, parmi mes films
préférés, notamment les films de
John Ford. Ainsi, dans « La Chevauchée Fantastique »
(1939), tous les personnages voyagent dans une diligence et John Wayne,
qui les accompagne, va les protéger des attaques des indiens.
Je
trouve qu'il y a quelque chose de théâtral dans la manière
de John Ford de montrer les personnages et de les filmer. Ce western m'a
inspiré pour mettre en scène l'opéra de Rossini.
Car, pour moi, le point de départ de toute mise en scène
est basé sur des impressions personnelles. Les idées artistiques
plus abstraites viennent ensuite.
Le décor - un train arrêté en pleine campagne - fait penser au train de la série "Les Mystères de l'Ouest"?
Oui,
cela peut faire penser à cette série que, moi aussi, je
regardais enfant (rire). En fait, l’histoire de cet opéra
commence par un voyage vers un château, dans le sud de l’Italie,
où l’action est supposée se dérouler. Mais,
je n’étais pas intéressé par cette idée,
liée aux conventions de la « comedia del arte ».
C’est pourquoi, j'ai souhaité créer un décalage,
en trouvant une sorte de troisième lieu, entre celui du départ
et celui de l'arrivée, où les chanteurs pourraient évoluer
durant une heure et demi. Avec ce train installé sur la scène,
les spectateurs ont, tout de suite, l’idée d’un voyage,
même si celui-ci ne bouge jamais.
Le
duel des valises est-il un clin d'oeil aux duels du Far-West ?
Je
possède un livre qui s’intitule «
How the West was won » (Comment l'Ouest fut conquis).
C’est un livre dont on s’est beaucoup inspirés, avec
Sylvie Martin Hyszka, chargée des costumes de "L'occasion fait le larron".
Mais, en installant une ambiance "western",
je ne voulais pas pour autant reconstituer le Far-West dans ses moindres
détails hyper
réalistes, avec des pistolets, etc...
En
mettant les chanteurs face à face avec leurs valises respectives,
comme s'ils se livraient un duel, j’ai juste voulu faire un clin
d’œil, de manière à ce que le public laisse
aller son imagination. D'autant que l'échange de valises et de
leur contenu est à l'origine de l'usurpation
d'identité, à
la base de l'histoire de cet opéra.
Votre Rossini "western" a-t-il séduit le public ?
Je
ne suis pas un grand spécialiste de l’opéra, ni
un musicien. Aussi, il fallait que je me sente libre d’aborder
cet opéra de Rossini comme je le souhaitais. Ce qui m'a permis
de re-créer un lien entre cette oeuvre du répertoire classique
et le public d’aujourd’hui. Visiblement, celui-ci a beaucoup
apprécié mon approche "décalée".
Car, pour la plupart des gens, l’opéra est quelque chose
d’inaccessible, joué dans des lieux prestigieux. Quant
aux puristes, ils considèrent Rossini, comme un compositeur "léger",
de divertissement, et donc, digne de peu d’intérêt.
Mon approche "western" aura, au moins, permis à ceux
qui ne le connaissait pas de le découvrir.
Interview
réalisée par Herve CIRET - Photos
de l'opéra Alain Monot/Le Quartz Brest
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