Alors que le musée d'Orsay à Paris consacre, jusqu'au 11 janvier 2026, une exposition aux portraits de la haute société par le peintre américain John Singer Sargent, il est intéressant de découvrir les paysages sauvages qu'il a peints - notamment au Montana et en Floride. A la fin de sa vie, l'artiste déplorait le fait que ces portraits le cantonnait, selon ses propres mots, dans une "profession de proxénète", du fait des relations avec de riches mécènes que ces commandes impliquaient. Aussi, quand il le pouvait, Sargent s'évadait-il avec la peinture de plein air, en peignant ceux qui lui étaient proches, sans souci des convenances.
Ainsi, entre 1900 et sa mort en 1925, John Sargent voyage en emportant papier et boîte de peinture, afin de capturer des impressions spontanées de la nature. En plein air, il peint des scènes baignées de soleil qui comptent parmi les plus lumineuses de ses tableaux. Dans les orangeraies ensoleillées de Floride, comme dans les montagnes Rocheuses du Montana et les forêts du Maine, le portraitiste trouve une nouvelle inspiration.
En 1916, de retour au Etats-Unis afin de poursuivre son travail sur les fresques monumentales de la Bibliothèque publique de Boston, John Sargent s'aventure dans l'Ouest. D'abord, au parc national des Glaciers, au Montana, puis dans les Rocheuses canadiennes, au sein des les parcs nationaux de Banff et de Yoho. Il finit par trouver les endroits reculés qu'il cherchait, comme les lacs Emerald et O’Hara et les chutes de Twin Falls et de Takakkaw. Etonnamment, l'artiste ne peint aucun peuple autochtone de la région, tels les Nakodas, et ne mentionne même pas leur présence.
John Singer Sargent meurt le 14 avril 1925, à Londres, à 69 ans. Il laisse derrière lui une œuvre immense : 900 peintures à l'huile, plus de 2 000 aquarelles et de nombreux dessins. Si son décès a été marqué par d'importantes expositions commémoratives à Boston, New York et Londres, durant le 20e siècle, le "plus français des peintres américains" est tombé totalement dans l'oubli. Il mérite donc aujourd'hui d'être réhabilité. Et pas seulement en exposant ses portraits d'une jet-set internationale qu'il avait fini par avoir en horreur.
Herve CIRET
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