Matthieu et Christel Peron, avec leur associé Jean-François D'Hoffshmidt, sont éleveurs de bisons d'Amérique à Rocles, dans l'Allier (Auvergne). Présents du 6 au 8 mai 2022 au marché de producteurs "Pari Fermier" de la Bergerie Nationale de Rambouillet (Yvelines), ils nous ont expliqué la genèse de leur installation.
Comment est née votre passion pour les bisons ?
C'est parti de la lecture du livre "Les Bisons du Coeur Brisé" d'un auteur naturaliste américain Dan O’Brien. Dans cet ouvrage, il explique comment il est passé, en période de crise, d’un élevage bovin à un élevage de bisons, à la fois, porteur malgré l’obligation de faire de la vente directe et respectueux de la nature, en prenant en compte l’impact écologique du bison sur tous les animaux qui vivent autour d’eux dans les grandes plaines américaines. En effet, après la survenue d’une pluie, quand les bisons se roulent dans l’herbe, ils creusent des bassins de rétention d’eau, dans lesquels les petits oiseaux et les rongeurs viennent s’abreuver. Mais, aussi, au printemps, quand les bisons perdent leurs poils d’hiver, les oiseaux s’en servent pour garnir l’intérieur de leurs nids. Ainsi, dans les haies qui bordent notre élevage, on trouve des nids dont le fond a été garni avec des poils de nos bisons.
Votre passion pour le bison vient-elle de votre passion pour les Etats-Unis ?
Complètement ! Mon épouse et moi sommes passionnés par l’Ouest américain, pratiquons l’équitation de travail western et possédons des chevaux de race américaine. A travers l’élevage du bison, le plus gros mammifère des Etats-Unis, c’est l’aspect nature de l’activité qui nous attirait. Etant originaires d’Auvergne, c’était pour nous un moyen de revenir au pays . Comme le bison apprécie l’herbe naturellement riche, il nous fallait trouver des terres disponibles dans une région d’élevage, comme celle du centre de la France.
N’étant pas fils d’éleveur, comment en êtes-vous venu à élever des bisons ?
Notre installation a été un choix de vie et un projet commun, sachant que mon épouse et moi-même possédions un diplôme d’ingénieur agricole et exercions, auparavant, un métier dans les domaines du marketing et du commercial dans le para-agricole. Comme nous voulions faire de la vente directe en nous différenciant des productions classiques, nous avons opté pour le bison. A la fois, un animal atypique et emblématique d’Amérique du Nord, dont la viande est diététique, sans cholestérol, riche en fer et en protéines. Car, on se disait qu’à l’avenir, les consommateurs allaient manger moins de viande, mais de meilleure qualité. Donc, notre projet a été d’élever des bisons en plein air, nourris essentiellement à l’herbe, contrairement à la viande importée des Etats-Unis, qui n'a pas de goût. Or, celle-ci représente 95% de la viande de bison consommée en France, alors qu'elle est issue d'animaux nourris uniquement avec les déchets de l'industrie agroalimentaire américaine.
Matthieu et Christel PERON |
L’élevage de bisons est-il différent de celui de bovins ?
En France, contrairement à d’autres pays d’Europe, il reste très atypique, car nous possédons deux réglementations sur ce type d’élevage : l’une bovine, obligeant l’identification et la traçabilité des bêtes, ainsi que la recherche de maladies. L’autre, au titre de la faune sauvage détenue en captivité à niveau dangereux, qui nécessite la détention d’un certificat d’aptitude à élever des bisons. Car, cela reste un animal sauvage, même s’il a très confiance en lui, contrairement au cerf qui a tendance à fuir. Mais, il faut s’en méfier, car il peut s’avérer agressif et imprévisible.
Propos recueillis par Herve CIRET
"Les Bisons d'Auvergne", Matthieu et Christel Peron, au lieu-dit Le Plaix, à Rocles (Allier)
Reportage de Sandrine Audrain sur Télé-Grenoble (2016)
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