Fabrice Bourland -Photo : H. CIRET |
Passionné des films d'épouvante des années 1930 - notamment américains - l'écrivain français Fabrice Bourland nous propose une nouvelle aventure de son couple de détectives privés, dans "Hollywood Monsters", dont l'action se déroule sur les hauteurs d'Hollywood, en Californie. Nous l'avons rencontré lors du festival Etonnants Voyageurs 2015 de Saint-Malo
D'où vient votre attirance pour
l'Amérique ?
En fait, je suis attiré par la littérature britannique de l'époque victorienne, c'est à
dire les auteurs anglais, écossais de la fin du 19ème siècle. Si mes
deux détectives sont, l'un américain, l'autre canadien, c'est parce que, quand Conan Doyle est
mort en 1930, tous les groupes spirites de la planète n'ont eu qu'une idée en
tête, faire des séances de tables tournantes pour essayer de dialoguer
avec cet écrivain, qui lui-même avait cherché à entrer en
contact avec les morts. Ainsi, en 1932, un groupe de spirites canadiens, a
Halifax, a réussi à entrer en contact avec lui. Comme
j'avais besoin que l'un des personnages soit le fils d'un des spirites qui a
assisté à cette séance de spiritisme, c'est pourquoi l'un de mes deux
détectives était canadien et l'autre américain. Et je leur ai fait faire le
voyage inverse qu'on faisait à l'époque, c'est à dire des Etats-Unis vers
l'Angleterre, parce qu'ils étaient, comme moi, fascinés par la littérature britannique
populaire.
Pourquoi faire revenir vos détectives en Californie ?
Trelawney est originaire de Boston sur la côte Est. Singleton est d'Halifax a l'Est du Canada. Et quand on est passionné comme moi par le fantastique, la littérature et le cinéma, il n'y a qu'une ville aux Etats-Unis où mes héros pouvaient aller, c'était forcément Los Angeles et donc Hollywood, la capitale du cinéma.
Pourquoi avoir voulu évoquer dans votre
dernier roman les tentatives d'eugénisme, donc de la sélection des races humaines ?
Au départ, mon scénario reposait sur le tournage du film "Le fils de Frankenstein",
que j'évoque effectivement dans mon livre. En 1938, c'était le premier film à mettre en scène, trois stars du film d'épouvante : Boris Karloff,
Bela Lugosi et Basil Rathbone. Or, après 8 mois de recherches
documentaires, j'ai découvert qu'il existait un ouvrage américain intitulé "Qui en veut à Boris Karloff ?" qui raconte une histoire sur fond
de tournage de ce film. J'ai donc revu mon scénario et me
suis souvenu d'un documentaire consacré à
l'eugénisme américain. Or, l'un des rares écrivains à avoir traité
du phénomène est Michael Crichton (auteur de Jurassic Park) . A partir de là, ayant vu tous les films américains des
années 1920 à 1940 - notamment "Freaks" (1932), de Todd
Brownin, qui met en scène de
vrais montres de la nature. C'est à dire des hommes et des femmes au physique
déformé - j'ai bâti l'intrigue d'Hollywood Monsters. Trelawney est originaire de Boston sur la côte Est. Singleton est d'Halifax a l'Est du Canada. Et quand on est passionné comme moi par le fantastique, la littérature et le cinéma, il n'y a qu'une ville aux Etats-Unis où mes héros pouvaient aller, c'était forcément Los Angeles et donc Hollywood, la capitale du cinéma.
Pourquoi avoir voulu évoquer dans votre
dernier roman les tentatives d'eugénisme, donc de la sélection des races humaines ?
Votre écriture est en effet très cinématographique. Vous proposez même un plan de la scène de crime...
C'est une passion de jeunesse de toujours griffonner des plans, des
architectures de bâtiments,. Souvent, quand je commence à rédiger un roman,
pour pouvoir édifier mon intrigue, j'ai besoin de faire un plan. Donc, chacun
de mes livres commence par un plan ou celui-ci est glissé dans les pages
intérieures ou à la fin. C'est un peu ma marque de fabrique. Cela ne se fait
plus uniquement qu'en littérature jeunesse, pas en littérature adulte.
Pourtant, j'aimerais publier des livres avec des illustrations toutes les
dix pages, afin de rendre compte de l'ambiance. Un peu comme le dictionnaire dont les mots font rêver, parce que
l'iconographie qui les accompagne est comme un moteur de l'imagination.
Avant de rédiger, vous dessinez des storyboards ?
Tout à fait. Pour la mise en place de mes personnages, je consulte les sites internet d'archives de vieux acteurs de l'époque et j'attribue une photo à chacun de mes personnages. Ceci afin de pouvoir les décrire et de les avoir physiquement en tête quand je les fais intervenir dans l'histoire. Sur mon site internet, une rubrique "Pour en savoir plus" permet d'accéder au portrait robot de mes personnages.
Quel sera le thème de votre prochain roman policier ?
Mon prochain livre ne poursuivra pas la série de mes deux détectives privés, Singleton et Trelawney. Ce sera un "one
shot" dont l'action se déroulera dans le Paris de 1890, juste après l'exposition universelle. C'est une ambiance où les fiacres n'ont pas encore été remplacés par l'automobile. Un Paris, à la fois décadent - après la défaite de 1870 - et extrêmement lumineux, qui me permet de créer un espace de liberté au niveau de l'imaginaire. J'ai beaucoup travaillé sur le Londres des années 1930 où l'empreinte du fantastique est très forte, avec le brouillard sur la Tamise, les bas-fonds, la lumière des réverbères. Paris en 1890, vous avez les fiacres, les lampadaires, l'opéra, la mode, etc... Le côté fantastique y est beaucoup moins prégnant qu'à Londres. Donc, je voudrais réussir à dépeindre son côté noir, cruel et néo-gothique.
Propos recueillis par Herve CIRET
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