mercredi 22 octobre 2014

Durand-Ruel, un marchand de tableaux impressionnant



Jusqu'au 8 février 2015, se tient au Musée du Luxembourg (Sénat) à Paris, une exposition consacrée, non pas à un artiste, mais à un marchand de tableaux atypique, connu notamment pour avoir fait reconnaître le talent des peintres impressionnistes, aux Etats-Unis et, par ricochet, en France.

A la fin du 19ème siècle, Paul Durand-Ruel est un expert en art reconnu. Mais, ne disposant pas d'une fortune personnelle, il emprunte en permanence aux banques. Aussi, est-il parfois menacé du dépôt de bilan quand les peintres qu'il soutient ne se vendent pas. "Si j’étais mort à soixante ans, c’eût été criblé de dettes et insolvable parmi des trésors méconnus", se plait-il à dire (Il vivra jusqu'à plus de 90 ans !) Confronté à ce genre de situation, il doit son salut aux collectionneurs américains. 




Au début des années 1880, à la recherche de nouveaux marchés, le marchand de tableaux envoie des œuvres à Boston, puis à New-York. En 1886, invité par James Sutton, le directeur de l'American Art Association, il traverse l’Atlantique avec une collection fabuleuse de tableaux impressionnistes. Le marchand de tableaux parisien est déjà connu en Amérique comme le défenseur de l'école des peintres de Barbizon, près de Fontainebleau. En compagnie de l'un de ses fils, Charles, il organise une exposition "Works in oil & pastel by the impressionists of Paris" dont les 2/3 des 289 œuvres proviennent de son stock. Le succès est immédiat. Le public américain s'enthousiasme pour cette nouvelle génération de peintres tant décriée à Paris. C'est la première reconnaissance officielle des impressionnistes, mais à l'étranger ! Au point qu'en 1888, Paul Durand-Ruel ouvre une galerie sur la 5ème avenue à New-York. Les ventes de toiles impressionnistes aux plus grands collectionneurs américains lui permettent de rembourser ses dettes. 

Parmi les nombreux tableaux achetés par Paul Durand-Ruel, se trouve une toile d'Edouard Manet qui relate la seule bataille navale de la guerre de sécession américaine à s'être déroulée au large des côtes françaises. Non loin de Cherbourg, dans la Manche, la corvette nordiste, le Kearsarge, coule 
un navire sudiste, l'Alabama. Le tableau sera vendu en 1888 à un avocat américain grand amateur de peinture, John J. Johnson. 


Une artiste américaine, Mary Cassatt, sœur duprésident de la
Pennsylvania Railroad, joue également un rôle considérable dans la diffusion des œuvres impressionnistes aux États-Unis. Native de Philadelphie, mais installée en France, elle expose dès 1878 aux côtés des impressionnistes français. Elle sera d'une aide précieuse pour approcher les grands collectionneurs américains. Déjà très au fait de ce qu'on appellera plus tard le marketing, Paul Durand-Ruel édite des documents promotionnels et édite un hebdomadaire, "L'Art dans les deux mondes", à l'intention de ses clients américains et européens. 


La galerie de tableaux ouverte par Paul Durand-Ruel à New-York lui survivra plus de 30 ans après sa mort. Elle ne fermera qu'en . Celle qu'il avait créée à Paris poursuivra son activité jusqu'en 1974. Une belle histoire de peinture qui avait commencé en 1825, au 174 rue St Jacques à Paris où les parents de Paul Durand-Ruel avaient ouvert un magasin de papeterie, puis un  magasin de couleurs pour artistes et enfin une galerie de tableaux.

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