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jeudi 3 octobre 2024

Pierre Christin a dit adieu à son rêve américain

 


Avant d'être un sublissime scénariste, c'était un excellent professeur de journalisme. Il aura donné envie d'écrire à tous les apprentis "scribouillards" que nous étions, dans les années 1970. En effet, avec le billettiste du quotidien "Le Monde", Robert Escarpit, il avait fondé, en 1967, le premier Institut Universitaire de Technologie (IUT) de journalisme à Bordeaux (devenu IJBA). Ce passionné d'Amérique nous a quittés - trop tôt dirons-nous - ce 3 octobre 2024, à 86 ans.

Pierre Christin et Jean-Claude Mézières aux Etats-Unis

En 1965, Pierre Christin s'envole pour Salt Lake City (Utah), aux États-Unis, pour y enseigner la littérature française. Il y retrouve son ami d'enfance, le futur dessinateur Jean-Claude Mézières, qui fait le cow-boy au Dugout Ranch. Pendant que l'un emmène de charmantes jeunes filles à bord de vieilles guimbardes aux couleurs d'ice-cream, l'autre plante des piquets pour contenir des milliers de têtes de bétail. Pierre Christin commente même l'élection présidentielle française, entre De Gaulle et Mitterrand, en 1965, pour la télévision locale de Salt Lake City.

Pierre Christin en vadrouille au volant d'une "belle américaine"
Les deux compères ont l'idée de publier un livre pour enfants, "Olivier chez les cow-boys", dont Jean-Claude Mézières réalise les photos, Jean Giraud dessine les illustrations et Pierre Christin - papa du fameux Olivier - rédige les textes. Pour ce dernier, l'Amérique des années 1960, c'est la découverte du racisme anti-noir et l'élargissement de sa passion pour la musique jazz. Quand l'hiver arrive et que le travail se raréfie, le cow-boy Mézières débarque chez le prof Christin. Grâce aux connaissances en prises de vues du premier, les deux amis tournent un documentaire sur la ségrégation dont les afro-Américains sont victimes à Salt Lake City.

Alors que le dessinateur Jean-Claude Mézières reviendra régulièrement dans l'Ouest américain, le scénariste Pierre Christin s'envolera pour les pays communistes, histoire de voir l'autre côté du miroir mondial. Il en sortira, plus tard, l'ouvrage "Est-Ouest" (Dupuis). New-York restera tout de même son lieu de prédilection aux Etats-Unis.


De ses souvenirs de jeunesse d'outre-Atlantique, Pierre Christin en fera un livre-témoignage, "Adieu, rêve américain" (Dargaud), en 2002, avec la complicité illustrée de son ami Jean-Claude Mézières. Pour ma part, j'ai dégoté l'ouvrage, il y a seulement quelques années, chez un bouquiniste parisien. Je me disais, qu'un jour, il faudrait le faire dédicacer par mon bien aimé prof de journalisme. Hélas, j'ai trop attendu et la page de garde restera vide à jamais de sa signature.

Herve CIRET

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