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Pourquoi
situer l'action en pleine guerre
américano-mexicaine ?
Prévoyant d'adapter en BD le roman "Méridien
de Sang"
de Cormac McCarthy, je m'étais documenté sur cette époque. Le projet ne s'est pas réalisé, mais comme mes recherches concernaient des faits réels, je me suis basé sur l'un des personnages de ce roman, John Glanton, pour en faire un biopic en bande dessinée.
En
évoquant ce Texas Ranger sanguinaire, vous avez délibérément choisi un sujet violent…
C'est
ce qui m'avait plu dans le livre de McCarthy et aussi parce qu'on se
situe dans la préhistoire du western. On n'est pas encore à l'âge
d'or post-guerre de Sécession. Il y a
encore la Frontière, le rapport avec le Mexique. Tout est là :
la guerre américano-mexicaine et le début de l'impérialisme
américain et cette violence. Bref, toute les bases des travers de la
société américaine, qu'on pouvait exploiter, dans une ambiance
très noire, avec un
côté préhistorique style "Guerre
du feu".
On
est très loin de l'image du cow-boy hollywoodien...
Oui, mais, cela reste des cowboys, équipés de
holsters, alors qu'à l'époque ce n'était sans doute pas encore le cas. Tout
comme ils utilisent des six-coups avec des cartouches, sont coiffés
de chapeaux hauts de forme, et non de Stetson, et ne sont pas
chaussés de bottes mexicaines. A cette époque, l'icône du
cowboy est en train de se former, avec encore un petit côté 19e
siècle. C'est pourquoi, j'aimais bien cet « entre-deux »
historique, sorte de genèse du western, avec sa
violence, comme dans la Bible, et au coeur d'environnements hostiles, comme le désert,
avec un climat dur à supporter pour les protagonistes
de l'histoire.
Dans votre histoire, les Indiens ont le mauvais rôle….
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La
cruauté du sujet est renforcée par le trait en noir et blanc et
l'enchevêtrement des corps...
Comme
l'histoire racontée est édifiante, il fallait jouer le truc
jusqu'au bout. Et justement lui donner une dimension très visuelle
et formelle, afin que le lecteur se sente oppressé par cette fuite
en avant de types qui entament un voyage vers la mort, la cruauté et
l'appât du gain. Car ce John Glanton, le moins que l'on puisse dire,
c'est qu'il n'a pas beaucoup de qualités. Et puis, la chevauchée de sa bande
de fous, c'est comme une danse. Au point, que j'ai failli titrer mon album
"Fandango", en référence à cette danse mexicaine où l'on part dans une espèce
de farandole macabre, agrémentée d'éléments religieux. J'ai
retranscrit cette époque, comme moi je la voyais. Et comme je ne suis,
ni historien, ni américain, je me sens d'autant plus libre
d'interpréter cette histoire comme je le veux.
Vous
êtes fan de western depuis longtemps ?
Oui, dès mon enfance, j'ai été élevé au western. A la télé,
je regardais "Les Mystères de l'Ouest","La dernière séance" d'Eddy
Mitchell et j'adorais les acteurs Burt Lancaster, Kirk Douglas, Glenn
Ford. Aujourd'hui, j'en regarde toujours, car, à ma grande surprise, c'est un genre qui se
réinvente constamment. Il y a eu la série TV "Deadwood" et le film "L'assassinat
de Jesse James par le lâche Robert Ford" qui
était vraiment une merveille, ou encore "Brimestone", plus récemment. Ce qui prouve qu'il y a toujours des choses à faire dans
le western, notamment, en bande dessinée. Car, c'est drôle, maintenant, la BD de cow-boys et
d'Indiens, c'est devenu un genre français et pas du tout américain !
"Scalp - La funèbre chevauchée de John Glanton et de ses compagnons de carnage" d'Hugues Micol chez Futuropolis (sélection officielle du festival d'Angoulême)
A lire également : interviews de Dimitri Armand (Texas Jack, à paraître après Sykes), d'Hermann (Duke t.2) et de Christophe Blain (Gus t.4)
Propos et photo recueillis par Herve CIRET, lors de l'édition 2018 du Festival de la bande dessinée d'Angoulême
"Scalp - La funèbre chevauchée de John Glanton et de ses compagnons de carnage" d'Hugues Micol chez Futuropolis (sélection officielle du festival d'Angoulême)
A lire également : interviews de Dimitri Armand (Texas Jack, à paraître après Sykes), d'Hermann (Duke t.2) et de Christophe Blain (Gus t.4)
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